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Les visiteurs à l’entrée de l’église Santa Maria della Misericordia, le 8 mai 2015. (Maciej Kulczynski/EPA/Keystone)
L’artiste suisse, œuvrant à la Biennale internationale d’art pour le pavillon islandais, avait transformé une église déconsacrée en lieu de culte musulman. Les autorités invoquent des questions de sécurité
La Mosquée ouverte à Venise par le Suisse Christoph Büchel a dû fermer ses portes (lire LT du). L’artiste avait formé ce projet dans le cadre de l’invitation que lui a faite le Centre islandais pour l’art (IAC), pour le Pavillon islandais à la Biennale de Venise. Dans une église déconsacrée, en collaboration avec des représentants de l’Islam islandais et vénitien, l’artiste a installé tout ce qui est nécessaire au fonctionnement d’une mosquée tout en revendiquant son action comme artistique. Vendredi, l’IAC a annoncé que «la Ville de Venise avait fermé le Pavillon islandais à 11h».
Le communiqué de presse de la commune explique que «la mesure a fait l’objet d’une évaluation préalable par le comité provincial de l’ordre et la sécurité publique». Pour les autorités vénitiennes, ont été violées «l’interdiction de l’utilisation, pendant les heures d’ouverture au public, de l’espace intérieur de l’ancienne église à des fins autres que celles d’une exposition» et «l’interdiction de l’utilisation du pavillon comme un lieu de culte». Elles reprochent aussi au pavillon islandais de ne pas avoir respecté les normes de sécurité et d’avoir laissé entrer trop de monde dans l’église. Le pavillon islandais serait donc aussi victime de son succès.
«Pas un lieu vraiment libre»
L’IAC regrette amèrement la fermeture et le peu d’aide reçue. «Malheureusement, les autorités vénitiennes ont d’emblée contesté le principe de la contribution de l’Islande à la Biennale et ont tenté d’empêcher sa réalisation plutôt que d’aider à la rendre possible», lit-on dans son communiqué. «Ce qui est peut-être le plus décevant, l’administration de la Biennale de Venise […] n’a pas soutenu cette démarche artistique de la façon dont on aurait pu s’attendre d’une organisation de sa stature et qui se proclame comme la défenseuse de l’art contemporain».
Et de surenchérir: «Il est également devenu clair que la Biennale […] n’est pas un lieu d’expression artistique vraiment libre. Les artistes choisis pour participer à la Biennale semblent maintenant ne plus être autorisés à n’aborder que les questions qui sont acceptables pour les autorités locales.»
Les autorités vénitiennes précisent que le Pavillon islandais dispose de soixante jours pour faire appel. Pour l’instant, celui-ci va référer de la situation à son Ministère de tutelle.