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A Sangral, près de la frontière pakistanaise.  (AP Photo/Channi Anand)

Perrine Mouterde

Une route de New Delhi qui fond au soleil. C’est l’image que The Hindustan Times a choisie pour sa « une » du 26 mai. « La capitale fond », titrait le quotidien. Deux jours plus tard, la vague de chaleur qui liquéfie l’asphalte et qui a déjà tué plus de 1 400 personnes se poursuit.

Une vague de chaleur est décrétée quand la température est supérieure de 5 degrés à la moyenne enregistrée pour ce même jour au cours des trois décennies précédentes, précise le quotidien. Actuellement, elle dépasse régulièrement les 47 °C, alors qu’habituellement, elle culminait aux alentours des 40 °C.

Certains préfèrent dormir dehors

Avant les routes, ce sont bien les habitants de la capitale, et notamment les sans-abri, qui souffrent le plus des températures élevées. Des centaines de personnes préfèrent dormir dehors, sur les trottoirs ou sous des ponts, plutôt que dans des bâtiments préfabriqués devenus asphyxiants. The Hindustan Times rapporte le témoignage de Munir Ali, un ouvrier de 54 ans. Dès que sa journée se termine, à 17 heures, il se dépêche d’aller réserver une place le long d’un périphérique.

« A 21 heures, toute la route est occupée par des gens. Bien qu’il y ait trois abris dans la zone, avec ces températures, il devient très difficile de dormir à l’intérieur des cabines en métal. C’est suffocant et il fait vite très chaud. Dormir dehors est une bien meilleure option. »

L'eau à la rescousse, à Ahmedabad. (REUTERS/Amit Dave      TPX IMAGES OF THE DAY)

Pendant la journée, ces abris sont occupés par des chauffeurs de rickshaw, des vendeurs de rue ou des mendiants, qui viennent se protéger du soleil. Deepak Kumar, du Centre d’études sur l’équité, résume la situation :

« La chaleur n’est un problème que pour les pauvres et les sans-abri, pas pour les riches qui peuvent rester à l’intérieur avec la climatisation. »

Shaibaz Qureshi est l’un de ses conducteurs de rickshaw. A Hyderabad, capitale des Etats de l’Andhra Pradesh et du Telangana où se concentrent l’essentiel des victimes, la chaleur est évidemment un danger. Mais, explique-t-il à lIndia Gazette, il est obligé de travailler. Pour la simple raison que s’il arrête, il ne peut plus gagner sa vie.

L’indice UV à un niveau extrêmement dangereux

Un météorologue cité par lIndia Gazette affirme que cette vague de chaleur est la pire qu’ait connue la région depuis une décennie. Le Times of India précise que le nombre de décès par insolation s’explique par l’indice ultraviolet (UV) très élevé.

Cet indice mesure l’intensité du rayonnement ultraviolet émis par le soleil sur une échelle allant de 1 à 11, 11 étant considéré comme un niveau extrême. Selon les chiffres fournis par l’Organisation mondiale de la météorologie, l’indice atteint à présent le niveau alarmant de 12 dans le sud de l’Inde. L’Institut indien de météorologie tropicale explique que :

« Si l’indice UV dépasse le niveau 11, c’est extrêmement dangereux. On peut souffrir d’une insolation ou de problèmes de peau après 30 à 60 minutes d’exposition au soleil. » 

L’indice en question prévient qu’en cas de niveau 11, il faut « faire très attention. Utiliser de la protection solaire d’indice 30 et se couvrir le plus possible. Eviter d’être au soleil dans un intervalle de trois heures avant et après la mi-journée ».

INDIA-WEATHER-HEAT

De cinq à quarante « vagues de chaleur » par an

S’appuyant sur un communiqué du Centre pour la science et l’environnement (CES), un centre de recherche de Delhi, le Times of India note, comme d’autres journaux, le lien entre cette période de chaleur intense et le changement climatique mondial. Le réchauffement de la planète provoqué par l’activité humaine a fait de 2014 l’année la plus chaude de l’histoire, rappelle le quotidien. Huit des dix années les plus chaudes en Inde se situent entre 2001 et 2010.

« Davantage de vagues de chaleur sont attendues, la température globale ayant augmenté de 0,8 degré au cours des 100 dernières années, précise aussi le CES. Les températures nocturnes augmentent aussi, avec des températures de 39 et 36 degrés récemment constatées à Ahmedabad et Delhi. Le nombre de vagues de chaleur pourrait passer de 5 degrés à entre 30 et 40 chaque année. »

Seul un article du quotidien India Times dresse un tableau plus positif.

« De bonnes nouvelles arrivent sous la forme de moussons ; et heureusement, bien plus tôt que prévu. En fait, la mousson a atteint les côtes indiennes avec 4 ou 5 jours d’avance, quand elle a touché la côte des îles Andaman le 16 mai. L’Inde du Sud devrait connaître une chute de températures en début de semaine prochaine. Le reste du pays devra toutefois attendre un peu plus. »

Avant de conclure sur une note résolument optimiste :

« Ne laissez pas le temps vous embêter. Restez à l’intérieur et si vous devez sortir, pensez à vous couvrir le visage et la tête et à boire de l’eau. Les choses iront mieux bientôt. »

 

http://www.dailymotion.com/video/x2cwp3l_2014-l-annee-la-plus-chaude_news

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