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Déclaration faite ce matin devant le tribunal correctionel de Paris dans le cadre du procès en diffamation intenté à Jean-Pierre Jouyet.

Madame la Présidente,

J’aurais pu, comme il arrive souvent dans la vie politique, supporter en silence la manœuvre destinée à salir mon honneur,  dont je suis victime et passer à autre chose.

Beaucoup me l’ont conseillé en m’assurant que je n’avais rien à gagner à cette procédure.

Je n’ai pas voulu qu’il en soit ainsi et c’est vers vous que je me suis tourné pour défendre mon honneur et ma conception de la vie publique.

Je n’accepte pas une telle salissure dont je ne conçois que trop les motifs.

Je n’accepte pas qu’on me prête des attitudes abjectes que toute ma vie politique vient démentir.

J’ai toujours manifesté, dans l’exercice des fonctions publiques le respect du droit et des juges.

Mon nom n’a jamais été mêlé à aucune affaire judiciaire.

Je n’ai jamais, comme parlementaire, comme membre du gouvernement ou comme Premier ministre, fait pression, tenté de faire pression, envisagé même de faire pression sur le système judiciaire.

Il n’existe pas un magistrat, pas un procureur qui puisse prétendre le contraire.

Jamais je n’aurais pu solliciter d’un collaborateur du chef de l’État une action contre un ancien Président de la République que j’ai servi et à l’égard duquel ma loyauté n’a jamais été prise en défaut.

Je suis, personne ne l’ignore, candidat à la Présidence de la République.

J’ai été formé par le gaullisme, par son sens exigeant de la dignité de l’État. Et j’aurais été remettre mon destin et mon honneur entre les mains de mes adversaires politiques ? Cela n’a aucun sens.

Pour rendre cette farce crédible, ceux qui l’ont inventée ont dû me prêter des tournures qui n’ont jamais appartenu à mon vocabulaire.

Je ne me souviens pas d’avoir jamais voulu « casser les pattes » de quiconque.

Ce n’est pas seulement une question de style, c’est d’abord une question de morale.

Si j’ai voulu ce procès, ce n’est pas seulement pour moi.

Notre démocratie se perd dans ce jeu des confidences à demi sollicitées, dans ces imputations ignobles, dans cette victoire du soupçon sur la vérité.

Je ne peux pas l’accepter pour mon pays, pour tout ce qui fait la grandeur de cette politique à laquelle j’ai voué ma vie.

Je n’assisterai pas en spectateur à la victoire du mensonge et du calcul sur la décence et la dignité.

Je m’en remets à vous.