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Pascal Guittet

L’apprentissage… Depuis des années, on veut en faire l’arme principale pour lutter contre le chômage. Il y a dix ans déjà, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Emploi, promettait de porter à 500 000 le nombre d’apprentis en 2009 ! Las ! Lorsque l’on se penche sur les derniers chiffres de ce dispositif de formation par alternance, on constate qu’il est en net repli depuis le début de l’année, après des résultats déjà négatifs en 2013 et 2014.

Le président de la République et le Premier ministre ont beau multiplier les mesures (contrat zéro charges pour les apprentis mineurs, 200 millions d’euros en juillet dernier) pour le relancer, rien n’y fait… Alors qu’ils espéraient gagner 100 000 apprentis, le solde affiche un déficit de 50 000 jeunes. Plusieurs raisons à cela. D’abord, le problème de l’apprentissage n’est pas qu’une affaire d’argent. Quand on regarde les statistiques sur une longue période, on voit nettement que le nombre d’apprentis ou d’alternants (contrat de professionnalisation…) évolue en fonction du niveau de l’activité économique. C’est quasiment mécanique : une faible croissance bride les embauches, et notamment celles des jeunes en alternance.

L’autre frein – sanPascal Guittet s aucun doute le plus important – à l’apprentissage, c’est notre système éducatif. Il n’accorde aucun crédit aux formations professionnalisantes. En classe de troisième, les parcours de découverte de l’entreprise sont ainsi « réservés » et fortement conseillés aux jeunes en rupture de ban avec le collège unique. Quant aux voies professionnalisantes, qui proposent naturellement un système de formation par alternance, elles sont vues par les professeurs comme des voies de garage pour les élèves en difficulté. Pour preuve, cette réflexion d’un enseignant dans mon entourage qui me soutenait que l’on ne pouvait pas devenir ingénieur par la voie de l’apprentissage ! Un peu comme si le niveau requis était trop élevé pour ces jeunes perçus par le système scolaire comme moins performants que les autres…

Pour réveiller l’apprentissage, on pourra aligner tous les millions que l’on veut, ces efforts resteront vains. Ce dont notre pays a besoin, et particulièrement l’Éducation nationale, c’est de changer son regard sur ce mode de formation par alternance. On cite souvent l’Allemagne en exemple sur ce sujet, alors imitons-la ! Outre-Rhin, l’alternance est « le » mode de formation par défaut, pas l’exception. Et cela à tous les niveaux.

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