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Nicoletta della Valle (au milieu), directrice de l’Office fédéral de la police , a souligné que la Suisse n’était pas une cible prioritaire des terroristes. (Keystone)

Fedpol continue à cibler les candidats au djihad pour les empêcher de partir, en particulier en Syrie. Les interdictions d’entrée en lien avec des menaces terroristes ont par ailleurs plus que doublé en un an
La Suisse a continué à intensifier ses mesures contre la menace du terrorisme islamiste tout au long de l’année 2014. Une action concertée de tous les services policiers concernés s’est révélée indispensable pour prévenir les risques d’attentat et pour éviter le départ, vers la Syrie en priorité, de candidats au djihad.
La Confédération n’est toutefois pas une cible prioritaire, a souligné Nicoletta della Valle, la directrice de l’Office fédéral de la police (fedpol) depuis l’été dernier, lors de la présentation, vendredi, du rapport d’activité de ses services. Mais l’évolution de la menace en Europe, liée pour l’essentiel à la montée en puissance de l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie, a conduit les autorités fédérales à mettre sur pied, l’automne dernier, une task force dont fedpol assume la conduite.
C’est dans ce cadre qu’ont été prises, en coordination avec les polices aéroportuaires, des mesures destinées à empêcher autant que possible le départ de candidats au djihad vers des zones de conflit.
A leur retour en Suisse, ces individus constituent une menace concrète pour la sécurité intérieure, note le rapport de fedpol. Le Ministère public de la Confédération mène plusieurs enquêtes dans ce contexte et a déjà prononcé une condamnation par voie d’ordonnance pénale, soit sans procès.
De même, le parquet fédéral a ouvert une instruction contre trois ressortissants irakiens suspectés d’avoir formé en Suisse une cellule de l’EI dans le but de perpétrer un attentat dont le lieu n’a toutefois pas pu être clairement déterminé.
Le nombre d’interdictions d’entrée prononcées à l’encontre d’individus soupçonnés d’activités en lien avec le terrorisme a plus que doublé en l’espace d’une année, passant de 14 en 2013 à 32 en 2014. Quatre de ces cas concernent des combattants du djihad. Les interdictions prononcées s’étendent à l’ensemble des pays de l’espace Schengen. Elles ne peuvent bien entendu toucher que des ressortissants étrangers.
Les autorités ont renoncé à mettre en place un service d’assistance téléphonique au niveau national destiné aux proches connaissant dans leur entourage un candidat au djihad. Un tel service, a justifié la directrice de fedpol, n’apporterait pas de réelle plus-value par rapport aux très nombreuses possibilités existant déjà, dans les communes ou les écoles.
La traque de la propagande djihadiste sur Internet et les réseaux sociaux a également constitué l’une des priorités de fedpol. Les enquêteurs sont en passe d’achever leurs investigations visant un administrateur influent du plus important forum djihadiste en langue anglaise sur Internet. Trois autres sites gérés par des ressortissants de pays balkaniques et faisant l’apologie du djihadisme ont été l’objet d’une enquête pénale. Les enquêteurs ont pu constater qu’une part importante et toujours croissante d’individus actifs sur la Toile sont originaires de pays du sud-est européen.
Les investigations sur Internet ne sont toutefois possibles que si les fournisseurs d’accès coopèrent pleinement avec les autorités, a souligné Nicoletta della Valle. Ce sont eux en effet qui détiennent les données dont l’obtention est nécessaire pour que des poursuites pénales puissent être diligentées.
De manière générale, la lutte contre le terrorisme suppose une étroite coopération internationale. Fedpol a notamment organisé l’an dernier la réunion en Suisse du Police Working Group on Terrorism (PWGT), qui vise à améliorer la collaboration et l’échange d’informations entre les polices d’Europe dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.