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Sepp Blatter: «Dans quatre ans, je rendrai la FIFA dans une position plus forte qu’aujourd’hui à mon successeur.» (AFP)

Sepp Blatter: «Dans quatre ans, je rendrai la FIFA dans une position plus forte qu’aujourd’hui à mon successeur.» (AFP)

Distancé au premier tour, le challenger Ali de Jordanie a abandonné Le président confirmé a promis de «céder une meilleure FIFA» dans quatre ans

Le fusible n’a pas sauté. Malgré l’ouverture de nouvelles enquêtes et les arrestations pour soupçons de corruption cette semaine, et en dépit de nombreux appels à la démission,SeppBlatter rempile pour quatre ans.

Vendredi soir, à l’issue du 65e Congrès de la FIFA à Zurich, le Valaisan a été réélu président. Sur abandon du challenger, le prince Ali de Jordanie. Les 73 voix qu’il a récoltées au premier tour ne lui ont pas semblé suffisantes pour espérer remporter le second suffrage, au cours duquel il aurait eu besoin de 105 voix. C’est donc avec 133 votes en sa faveur (sur 209 votants) que le président sortant a été confirmé au sommet du football mondial. Pour la cinquième fois consécutive.

Tout au long de la journée, Sepp Blatter n’a pas pu éviter d’évoquer les nouvelles enquêtes et la pression qui pèse sur la fédération qu’il dirige depuis 1998. Mais il est resté inflexible sur sa personne. Jamais il n’a été question de démission, ou d’un quelconque besoin de nouvelles têtes au sommet de la FIFA.

Superstition ou stratégie de communication, jamais non plus il n’a prononcé les mots «enquête» ou «arrestation», se contentant de parler de «récents événements» et de «mauvais agissements». Une seule fois, il a lâché le terme «corruption». Mais, dans la foulée, il a relativisé le poids de son mot: «On parle de corruption partout, aujourd’hui…»

Néanmoins, Blatter ne s’en cache pas: la FIFA a besoin de se réformer. Encore. Depuis son sommet jusqu’à son socle, a-t-il insisté. «Un seul tribunal ne peut pas contrôler tous les étages du football.»

Est-il la bonne personne pour changer cette culture du patronage et du copinage tant controversée? «Ce n’est pas une question de personnes, affirmait un responsable ghanéen, interpellé en marge du congrès. La FIFA doit tout donner pour restaurer la confiance du public, peu importe qui commande.»

C’est un fait incontestable, au vu des résultats des urnes. Les membres des associations nationales comptent encore sur Sepp Blatter. Les plus critiques diront qu’ils comptent sur lui pour continuer d’être généreux avec les petites fédérations. Et qu’il restera aussi peu attentif à l’utilisation qui est faite de l’argent issu des programmes de redistribution de la FIFA. D’autres considéreront que les délégués le pensent vraiment capable de sortir la fédération de ce mauvais pas.

Le vaincu? Vendredi soir à Zurich, plusieurs observateurs le percevaient comme un beau perdant. Sur le papier, ses projets pour le football et la FIFA étaient sensiblement similaires à ceux du vainqueur. A la différence qu’il voulait «inverser la pyramide» hiérarchique de la FIFA. En d’autres termes, redonner le pouvoir aux fédérations nationales.

Sepp Blatter, donné gagnant par tous, à l’exception de Michel Platini, le président de l’UEFA, qui promettait jeudi soir une nuit des longs couteaux, a-t-il eu peur de perdre? Les mains serrées, levées au ciel, le vainqueur a en tout cas semblé soulagé. Il a plus plaisanté durant les cinq dernières minutes du rassemblement qu’au cours de ses dix premières heures.

Enjoué, il s’est lancé dans les grandes promesses: «Dans quatre ans, je rendrai la FIFA dans une position plus forte qu’aujourd’hui à mon successeur.» C’est aussi le souhait de Michel Platini, qui, au sortir du congrès, évoquait un changement «crucial» au sein de la FIFA, en dépit de l’échec de sa tentative de «coup d’Etat», comme l’a dénoncé un ancien candidat à la présidence, le Français Jérôme Champagne.

Sepp Blatter a par ailleurs évoqué des changements au sein du comité exécutif, qu’il aimerait voir s’élargir à 30 membres (contre 24). Le nouvel équilibre sera favorable à l’Océanie, a glissé Blatter. Par contre, il ne touchera pas à la formule actuelle de la Coupe du monde.

L’indéboulonnable président a terminé son discours de clôture par une suite d’évidences: «J’aime mon travail, j’aime être avec vous et, oui, je ne suis pas parfait.»

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