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Entretien avec Jacques Myard ,Homme politique,Député-maire de Maisons-Laffitte
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 ous étiez au congrès des Républicains samedi. Quelle impression générale ?

Je n’étais pas très favorable à ce nom mais il a été adopté, tout le monde s’est exprimé et la décision est prise. Nicolas Sarkozy a fait un discours très volontariste dans lequel il a parlé de laïcité, de la lutte contre le communautarisme… Nous sommes d’accord sur les objectifs (même si certains désaccords peuvent persister au sein du parti) mais la question que je me pose aujourd’hui est simple : comment allons-nous parvenir à ces objectifs.

Notre pays subit beaucoup de contraintes, par l’Europe ou par la mondialisation et il faut absolument que la France retrouve la maîtrise de ses décisions et de sa souveraineté. Une chose est claire : une fois que la droite sera revenue au pouvoir – la gauche ne va pas y rester ! -, elle aura les mêmes contraintes si elle ne définit pas clairement son projet ! Les réformes internes ne suffisent pas : il est temps de bâtir un projet cohérent en tenant compte de la réalité qui est celle de notre pays aujourd’hui.

Une page est tournée, mais certains précisent que c’est « toujours le même livre »… Quel livre, et qui l’écrit ?

Il faut que notre parti trouve enfin la ligne de la maîtrise du destin national, c’est l’urgence politique. Je le répète, c’est le projet qu’il faut bâtir, maintenant que tous ont exposé les objectifs.

La France souffre aujourd’hui de l’absence de projet politique à gauche comme à droite. Nous pouvons tous admettre les objectifs fixés par Nicolas Sarkozy ou par d’autres au sein des Républicains, même si nous ne sommes pas des clones et que nous ne le serons jamais.

Mais il n’y a aujourd’hui rien de concret sur la question de la maîtrise économique, de la maîtrise des frontières qui sont de véritables passoires. Sur la question de la politique étrangère, par exemple, nous avons des divergences même si Nicolas Sarkozy a rappelé que c’était une erreur de ne pas être représentés à Moscou le 9 mai dernier. Sur le Proche-Orient, nous ne sommes pas d’accord mais le but n’est pas non plus que nous disions tous la même chose sur tous les sujets. Le but est que le parti expose une ligne claire et les gens adhéreront ensuite, ou non. C’est précisément là que j’attends tout le monde. Pour l’instant, notre problème, c’est la France, et notre pays n’a plus la maîtrise de son destin.

Des mois que l’on ne parle plus que de « République », « républicains », « valeurs de la République »… Ne croyez-vous pas que les Français attendent qu’on leur parle un peu de la France ?

C’est évident aussi ! La République est un projet politique et la France est notre nation. La république ne pourra atteindre son but que lorsqu’elle aura retrouvé les moyens de la souveraineté. Si l’on ne redonne pas très vite à la République les moyens de la souveraineté, il y aura un glissement inévitable vers les extrêmes. Je n’étais pas favorable à ce nouveau nom des Républicains, je le trouve trop statique, mais cela n’a pas grande importance, ce n’est pas ce qui doit nous préoccuper.

Il faut maintenant s’unir pour écrire un projet.

Concrètement, quel genre d’unité peut-on imaginer entre Jacques Myard, Henri Guaino, NKM et Alain Juppé ?

Il y aura prochainement des primaires au sein des Républicains et elles seront l’occasion d’un débat fort. Il est évident qu’il va falloir trancher. Nous ne serons jamais d’accord à 100 % mais il faudra au moins l’être à 51 %. Si nous sommes d’accord à 51 %, c’est une majorité et nous commencerons à avancer.

Mais j’entends bien continuer malgré tout à mener mon combat d’idée au sein de ce parti qui est ma famille politique !

Je n’ai rien à faire ailleurs et même si je ne suis pas d’accord avec tous, je dois reconnaître que j’ai toujours eu une totale liberté de parole et de vote : j’ai voté « non » à la Constitution européenne comme au traité de Lisbonne et cela ne m’empêche pas d’être toujours là.

Nicolas Sarkozy lui-même a reconnu qu’on ne pouvait pas manipuler Myard, c’est donc bien là que je continuerai mon combat politique. Et je vais continuer à poser cette question sans relâche : quels moyens allons-nous nous donner pour mener une politique cohérente. Car, soyons honnêtes, aujourd’hui, ces moyens, nous ne les avons pas.

Les primaires faciliteront donc la mise en place d’un projet clair ?

C’est la réalité qui va s’en charger ! La crise européenne devient impossible à nier. La Grèce est sur le pas de la porte de sortie, David Cameron est en train de faire comprendre à tous que le système est épuisé… Quels que soient les discours, la réalité est plus forte et exige une réaction très rapide.

Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas

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