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Michel Platini (félicitant ici Sepp Blatter pour sa réélection) soutenait le Qatar dans l’attribution de la Coupe du monde. Peu après, son fils a eu une place de cadre dans la société qatari Sport Investments (Reuters)

Il n’y en a que pour le scandale de la FIFA ce dimanche. Alors que Sonntagsblick adopte le point de vue de la famille Blatter, Sonntagszeitung s’interroge sur les risques qu’encoure le président de la Fifa. Tandis que NZZ am Sonntag liste les personnes concernées par l’enquête ouverte en mars en Suisse et que de nouvelles perquisitions ont eu lieu à Buenos Aires
« Cas Fifa : qui est dans le viseur des enquêteurs suisses » ?, titre la NZZ am Sonntag. « En premier lieu, les membres du comité exécutif de la Fifa, qui ont voté pour que la coupe du monde se déroule en Russie en 2018 et au Qatar en 2022 », répond-elle. Le dominical fait la liste des huit personnes qui pourraient être poursuivies en Suisse sur les 24 membres que compte le comité, ainsi que la liste de ceux qui ont été arrêté à Zürich mercredi dernier, membres du comité et délégués de la Fifa.
Pour le dominical, le ministère public de la Confédération pourrait bientôt s’intéresser aux icônes du football que sont Franz Beckenbauer et Michel Platini, président de l’UEFA, ou encore au ministre des sports Russes, Witali Mutko. Les interrogatoires ont commencé jeudi, affirme le ministère public. Franz Beckenbauer s’était prononcé en 2010 en faveur de la coupe du monde en Russie. En 2013, il est devenu « ambassadeur » de la société russe Gazprom. Michel Platini soutenait le Qatar. Peu après, son fils a eu une place de cadre dans la société qatari Sport Investments. Dans le viseur du ministère public helvétique encore, l’homme d’affaire qatari, Mohamed bin Hammam. L’homme siège au comité exécutif de la Fifa et pourrait avoir acheté des voix pour que la coupe du monde se passe dans son pays. Le dominical souligne encore que la Confédération pourrait être critiquée pour n’avoir pas entamé de poursuite pour corruption mais pour soupçons d’irrégularités lors des attributions des coupes du monde.
Le Matin Dimanche dresse un rapide portrait du procureur en charge de cette enquête helvétique. Olivier Thormann, coordinateur des enquêtes sur la criminalité économique au ministère public de la Confédération depuis 2012, y est décrit comme un enquêteur « féru de dossiers sensibles et importants », comme l’enquête internationale Genesis sur la cyberpédophilie ou l’affaire du policier qui avait abattu un fuyard dans le tunnel de la Sévaz. C’est déjà lui qui avait instruit le scandale des matchs truqués en Challenge League en 2012. Dossier dans lequel il avait été désavoué par le Tribunal fédéral.
« Le FBI veut la tête de Sepp Blatter », titre SonntagsZeitung. Après sa réélection, le président de la Fifa ne comprend pas ce qu’il a pu faire de faux, estime le dominical qui relate longuement les réponses de Sepp Blatter à la presse. Selon un avocat américain, interrogé par Sontagszeitung, le puzzle de l’affaire Fifa est certainement déjà complet à 80%. Pour l’avocat précité, la justice américaine avancera avec beaucoup de prudence si elle doit entreprendre quelque chose contre Sepp Blatter lui-même.
La justice argentine est moins prudente, estime Sonntagezeitung. Dans la nuit d’hier, des perquisitions ont eu lieu à Buenos Aires au sein d’une agence de marketing. Le dominical décrit une « razzia » faite par Interpol au sein d’une agence sportive appelée Torneos y Full Play. Trois personnes ont été arrêtées, soupçonnées d’avoir corrompus des fonctionnaires de la Fifa. Au Paraguay, au siège de la fédération sud-américaine de football, on ne sentait rien du scandale de la Fifa, alors même que c’est là que se trouve l’épicentre du séisme qui secoue la politique du sport, s’étonne encore le dominical. La raison en est légale : un paragraphe de la loi nationale interdit à la police et à la justice d’intervenir. Un parlementaire paraguayen demande aujourd’hui la levée de ce paragraphe sur l’immunité.
Quant à Sonntagsblick, il a choisi de rencontrer la famille de Sepp Blatter. Sa fille, Corinne Blatter, qui téléphone à son père tous les jours, est décrite comme sa confidente. Elle dit avoir essayé de le faire renoncer à se représenter, sans succès. « Plusieurs fédérations, y compris des personnes au sein de l’UEFA, l’ont supplié de se représenter. Et je comprends qu’il l’ait fait. (…) Il n’est pas corrompu, c’est aussi simple que ça », dit-elle. Le dominical souligne les liens forts qui unissent Sepp Blatter à sa famille. « Je suis vraiment un peu fatigué aujourd’hui », lâche Sepp Blatter. « Mais, aucun souci, je suis très rapidement à nouveau en forme. Ces jours ont été difficiles. La nuit avant le vote, Michel Platini a écrit un e-mail à toutes les fédérations appelant à soutenir mon concurrent, le prince Ali ». Sonntagsblick rappelle que le Valaisan a fait beaucoup pour la Fifa avant de consacrer une double page à la justice américaine très critiquée pour la grande visibilité qu’elle a donné aux arrestations qui ont eu lieu à Zürich. Selon SonntagsBlick, les journalistes du New-York Times étaient informés et avaient réservé des billets d’avion pour assister aux arrestations. Une publicité scandaleuse qui ne respecte pas la discrétion des pratiques helvétiques. « La Suisse ne doit pas devenir la marionnette des Etats-Unis », estime Martin Naef, conseiller national socialiste.