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 Propos recueillis par Hélène Sallon

Le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi,  au Kremlin, à l'occasion d'une rencontre avec le président russe, Vladimir Poutine, le 21 mai.

Le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, a répondu aux questions de la presse à Paris, mardi 2 juin, peu de temps avant le début de la conférence de la coalition internationale contre l’Etat islamique (EI).

Quelle est la situation actuellement en Irak ?

La situation en Irak est bien meilleure qu’elle n’est perçue ici. Nous avons progressé sur plusieurs fronts : Baïji, Anbar et Salaheddine. Nous faisons de grands progrès dans l’Anbar et nous sommes résolus à combattre Daech [acronyme arabe de l’EI] et à faire les sacrifices nécessaires, car Daech appelle à l’annihilation des chiites comme des minorités yézidies et chrétiennes.

Nous avons rencontré ce revers à Ramadi, car Daech a poussé son avantage tactique sur un endroit. Ils ont envoyé des centaines de combattants étrangers, très bien entraînés et armés, dans de petits convois. Nous manquons de renseignements et de soutien aérien. Ils utilisent des camions piégés qui causent d’énormes explosions et d’immenses dégâts pour nos forces.

Daech est une organisation transnationale qui ne peut être combattue qu’avec le soutien de tous. Plus de la moitié des combattants sont désormais étrangers. La bonne nouvelle à Ramadi est que la majorité de la population sunnite s’est enfuie. Elle fait plus confiance au gouvernement qu’à Daech.

La France et d’autres membres de la coalition vous ont demandé de faire plus sur l’inclusion politique des sunnites. Où en sont ces réformes ?

La loi sur la garde nationale devait être votée samedi, mais elle a été repoussée à cause de divergences sur un article concernant l’autorité qui encadre cette force. Nous aussi avons besoin que la coalition travaille davantage sur le plan politique. Pourquoi autant de combattants venus du Golfe, d’Egypte, de Turquie, mais aussi des pays européens et des Etats-Unis se battent en Irak ? C’est un problème international qui doit être résolu par tous, et non pas seulement par l’Irak.

Qu’avez-vous accompli pour l’intégration sunnite ? Pourquoi avoir empêché les déplacés sunnites de l’Anbar d’entrer à Bagdad ?

Nous avons déjà inclus 5 000 combattants. Nous sommes en train de changer notre façon de faire. Nous avons décidé de négocier directement avec les combattants. Le contrôle des combattants va être fait par le gouverneur de l’Anbar pour s’assurer qu’ils ne viennent pas juste recevoir argent et armes avant de fuir la bataille. Nous ne pouvons pas leur donner des armes, nous n’en avons pas assez. Nous n’étions pas préparés à l’afflux de réfugiés de l’Anbar.

De quoi avez-vous besoin de la part de la coalition ?

La campagne aérienne nous est utile, mais elle n’est pas assez intensive, tout comme la surveillance. Daech est mobile, se déplace en petits groupes et non plus en grands convois. Nous ne voulons pas de forces au sol. Même si nous le demandions aux Etats-Unis, nous n’en obtiendrions pas. Nous avons besoin de davantage d’aide en renseignement. Nous n’avons reçu quasiment aucun armement, ni munitions de la coalition. Il y a beaucoup de discussions sur un soutien, mais peu de choses en pratique.

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