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La France, l’arrogance, le clientélisme, le sectarisme, Les républicains
par TILLINAC Denis
La droite française s’offre une cure de jouvence à l’enseigne des « Républicains ». Pourquoi pas ? En panne sèche d’idéal, l’UMP avait le souffle court et s’enlisait dans des zizanies au ras des pâquerettes. Autant ordonner les obsèques d’un sigle démonétisé et repartir à l’abordage sous une étiquette qui ne mange pas de pain partisan. Les orateurs vont dénoncer à juste titre l’arrogance, le sectarisme, le clientélisme et la pusillanimité des socialistes. Ils vont effeuiller le catalogue de recettes libérales opportunes, mais jusqu’alors jamais appliquées par la droite au pouvoir, ou si peu. Puissent-ils se pénétrer d’une évidence : on ne sortira pas la France de sa déprime avec un peu plus de croissance, un peu moins de chômage. Puissent-ils aussi nous épargner les litanies d’usage sur les « valeurs républicaines ». On permettra à un écrivain d’être un peu sourcilleux sur le sens des mots.
Les « valeurs républicaines », ça n’existe pas.
La république est un principe d’organisation politique à géométrie variable, pas une valeur. Elle ne recèle en soi aucune vertu morale. Par pitié, que la droite laisse le clergé gaucho battre de l’aile dans son panier sémantique percé et aborde enfin ce qui nous touche au plus intime : l’identité de la France.
C’est facile d’ironiser sur les fantasmes éradicateurs de Mme Vallaud-Belkacem. Moins facile d’inculquer à la jeunesse française de vraies valeurs indémodables : le sens de l’honneur, de la mémoire, de l’élévation, du respect d’autrui, de la probité, du courage, de la politesse, de la gratuité, du contrôle de soi, de la pudeur. Sans oublier le sens de la grandeur de la France, qui hisse notre patriotisme à une certaine altitude et ne se mesure pas à l’aune d’un PIB. Les pédagos désemparés seraient ravis de redonner un sens à leur mission, ils en ont marre d’accommoder les restes d’une démission collective. À tous les étages de notre vie publique, les acteurs en ont marre de ramer sans boussole ni gouvernail. Quoi que prétendent les stratèges, les communicants et les technos, quoi qu’affirment les sondages, les angoisses d’ordre identitaire et moral sont plus profondes que les tracas liés aux essoufflements de notre économie. Elles sont difficilement quantifiables, et les sociologues échouent à les cerner. Elles n’en sont pas moins prégnantes. Angoisse et peur font la paire : le peuple français a peur de perdre à tout jamais le pays de ses ancêtres, rien de moins. Déjà il a du mal à en reconnaître l’architecture mentale dans les incantations des « élites ». Lui restituer ce qui lui appartient, voilà l’urgence politique par les temps orageux qui courent.