par Georges AIMÉ

Nous avons de curieuses et funestes habitudes. Celles-ci peuvent surprendre celui qui cherche à comprendre le fonctionnement de notre société. Elles peuvent être dangereuses, aboutir à de terribles affrontements et risquent de remettre en cause notre cohésion nationale. Quelques-unes d’entre elles me viennent spontanément à l’esprit tant elles sont fréquentes et font partie de notre quotidien.

La liberté !

Il n’est pas un Français qui ne clame haut et fort que sa liberté est sacrée et qu’il ne faut pas y toucher !

Vraiment ? Carte Vitale, carte de crédit, téléphone portable, GPS, caméra à chaque angle de rue, fichiers, etc. rendent celle-ci toute relative. Et que dire d’internet et de ses réseaux « sociaux » où beaucoup se dévoilent sans pudeur et sans vergogne ?

Celui qui ose attirer l’attention sur les conséquences que peuvent avoir toutes ces pratiques pouvant se transformer en autant d’atteintes à notre liberté (toutes justifiées par les bienfaits qui en découleraient), est immédiatement culpabilisé : « Cela permet de sauver des vies » ; « Cela permet de limiter le flux de monnaie découlant du travail au noir » ; « Cela permet de localiser les voyous » ; « Comment, vous êtes contre plus de sécurité, mais vous êtes un terroriste en puissance ! » ; « Cela ne peut déranger que ceux qui ont quelque chose à cacher » ; « Cela facilite le contact entre gens qui ne se seraient jamais rencontrés » ; « Comment, vous voulez encore revoir des documents sur papier, mais vous êtes un pollueur et contre l’écologie », etc.

Peu importe votre désir, votre âge ou le fait que vous habitiez une région où recevoir Internet relève de l’inaccessible, vous êtes mis devant le fait accompli et puis… il faut être moderne (et là la messe est dite).

De renoncement en renoncement, on finit par capituler et par tout accepter… même les lois liberticides que par ailleurs nous sommes si prompts à dénoncer quand elles sont en vigueur dans d’autres pays.

La laïcité !

Pas un jour ne passe sans que nous n’entendions parler de laïcité, du « vivre ensemble », de la nécessité absolue de ne pas laisser quelque religion que ce soit interférer dans notre vie quotidienne… En foi de quoi, politiques, journalistes, religieux et autres idiots utiles ne cessent de parler de communautés, qu’elles soient chrétienne, juive, musulmane ou autres. Pas un ne dit « Français pratiquant la religion X, Y, Z, agnostiques ou athées ».

L’habitude, notre laisser-faire, notre passivité deviennent les alliés objectifs de tous les intégrismes.

Le dénigrement  

Là, il s’agit d’un sport national surtout quand on se compare à nos « chers » voisins d’outre-Rhin ! Une catastrophe ? Du matériel français ? Avant même que l’enquête ne démarre, c’est sûrement la faute du constructeur ! Des parents qui n’assurent plus leur rôle d’éducateurs ? C’est sûrement la faute de l’Éducation nationale ! Des voyous qui font régner la terreur ? C’est sûrement la faute de la Police ! Un ex prisonnier qui commet un méfait ? C’est sûrement la faute de la Justice ! Une entreprise contrainte de se séparer d’une partie de ses salariés faute de travail ? C’est sûrement la faute de son dirigeant ! Etc.

Celui qui dénigre – et nous avons dans cette catégorie de véritables champions1 – ne s’interroge jamais sur sa part de responsabilité et sur ce qu’il pourrait mettre en œuvre afin d’améliorer les choses. C’est évidemment, et c’est bien commode, toujours la faute de l’autre !

Par ailleurs ce dénigrement devient extrêmement pervers lorsque celui qui s’y adonne omet volontairement des informations nécessaires à une bonne analyse. Ainsi en est-il lorsque l’on compare les taux de chômage ou les coûts du travail en Europe et que l’on ne décrit pas les conditions de vie des chômeurs et des travailleurs les plus pauvres des pays avec qui l’on se compare.

Culpabiliser l’autre pour mieux l’asservir !

La repentance

Autre sport national !

Pour certains, apprendre l’Histoire pour que celle-ci éclaire notre présent et nous aide à préparer notre avenir afin de ne plus répéter les actes odieux du passé doit obligatoirement nous amener à endosser la responsabilité de ceux qui nous ont précédés et ont commis lesdits actes.

La culpabilité permanente, fonds de commerce très lucratif de bon nombre de nos « zélites » et autres maîtres à « mal penser » !

Culpabiliser l’autre pour en tirer profit !

Le mensonge

Là, ce n’est plus un sport national, c’est un mode de vie institutionnalisé ! Tellement banal qu’il ne nous fait même plus réagir. « Votez pour moi et je vous promets que les impôts n’augmenteront pas ! » En foi de quoi les nouveaux élus lors des dernières

élections municipales ont presque tous, peu après leur arrivée au pouvoir, augmenté les impôts locaux.

« Mon ennemi c’est la finance » En foi de quoi les pigeons sur leurs arbres sont restés perchés. « Moi, Président, il y aura un code de déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêt ». En conséquence de quoi « Droit dans les yeux… ».

« Comment ? Cette société collectait des fonds à l’origine douteuse pour ma campagne électorale ? Je n’en savais rien ! ».

« À l’insu de leur plein gré », ils pédalent tous de concert !

La grogne  

Alors nous grognons, nous rouspétons, nous râlons et… nous laissons faire. Pis encore, nous revotons pour les mêmes et/ou nous laissons imposer des modes de vie qui deviennent des habitudes même si elles sont désagréables : « Moi, on ne me fera jamais me servir de l’essence tout seul, c’est très désagréable d’avoir les mains qui sentent mauvais et puis ça supprime des emplois ! » En foi de quoi on s’est tous reconverti en pompiste ! « Il faut du travail pour tous, il n’est pas question de supprimer des postes de caissière dans les supermarchés ni ceux d’agents aux gares de péage sur les autoroutes ! » En foi de quoi, une autre reconversion nous est proposée : celle de caissière. « Si on ne donne plus de sac dans ce magasin, je n’irai plus ! » En foi de quoi nous continuons à y faire nos emplettes… et à les mettre dans le sac que nous venons d’acheter ! En payant, nous sommes devenus de respectables écologistes. Merci pour votre onction Mgr Leclerc ! Etc.

Nous devons nous indigner et agir afin de nous donner les moyens de combattre toutes ces mauvaises habitudes avant qu’elles ne deviennent de véritables vicissitudes. Il n’est jamais trop tard pour entreprendre. Notre salut ne viendra que de nous-mêmes.

 

http://www.academie-gaullisme.fr