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C’est une série d’articles très intéressants publiés par The Economist, qui indique la tendance préoccupante du néolibéralisme à remettre en cause la démocratie, mais aussi le refus grandissant de la redistribution qui pourrait remettre en cause les inégalités.

La religion néolibérale au pouvoir

Qu’il semble loin le temps où le Général de Gaulle pouvait dire que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille », illustrant le primat du politique, et donc de la démocratie et des citoyens, sur les forces du marché. Dans un papier sur la Grèce, The Economist, souligne que « les électeurs affrontent des contraintes sur leurs choix économiques. Le débat sur la modification du plan grec pousse à dire que la démocratie est ignorée. Le mandat électoral de Syriza est battu en brèche par les créditeurs de la Grèce ». Mais, s’il était possible d’avoir cette impression il y a quelques mois, la décision par Athènes de repousser le paiement d’une échéance qu’elle devait au FMI pour créer une plus grande échéance à la fin du mois démontre qu’un gouvernement, s’il le souhaite, peut garder la main.

The Economist dit que « les politiques nationaux arrivent au pouvoir sur la base de promesses économiques faits à leurs électeurs. Mais les forces qui déterminent si les économiques sont prospères sont globales, et non locales – si l’économie chinoise ralentit ou accélère, ce qui arrive à l’offre de pétrole » et soutient que les déceptions qui en suivent « augmentent le cynisme des électeurs et réduit le soutien pour la démocratie ». Mais l’argumentaire de l’hebdomadaire britannique ne tient pas : en 1998, la Malaisie a refusé les potions amères du FMI, en 2002, l’Argentine a refusé de saigner son économie et ses citoyens et a fait défaut. Les pays asiatiques savent aussi refuser les dogmes néolibéraux.

Vers un totalitarisme aristocratique ?

Il y a quelque chose de très dérangeant avec ce type d’argument : en effet, ce sont les arguments qui ont poussé certains à promouvoir et accepter l’indépendance des banques centrales, « un recul du contrôle démocratique de la politique économique (…) Les électeurs qui n’apprécient pas les politiques de Janet Yellen et Mario Draghi – les deux décideurs économiques les plus importants d’Amérique et d’Europe – n’ont aucun moyen de se débarrasser d’eux ». On sent la tentation dans une partie de l’élite de sortir du champ démocratique un nombre grandissant de décisions, réduisant la démocratie à une illusoire comédie du pouvoir où les dirigeants ont renoncé à leurs pouvoirs.

Une autre tendance est la hausse des inégalités. The Economist montre l’explosion des bénéfices par action aux Etats-Unis, qui devraient passer de 85 dollars par action en 2007 à près de 120 cette année ! Ailleurs, il soutient que « les politiques pour transférer les revenus des riches aux pauvres seraient moins efficaces qu’imaginé ». Pour soutenir cela, il rapporte les études d’économistes qui démontrent que la consommation des ménages qui ont du mal à joindre les deux bouts mais qui ont des actifs illiquides (ceux qui ont acheté une maison) est encore plus réactive aux évolutions de revenus que celle des ménages pauvres sans actif. Mais cela ne concerne pas ceux qui gagnent le plus…

Petit à petit, dans nos sociétés, la démocratie est de plus en plus muselée au nom des marchés et au profit d’une petite minorité, qui pense souvent qu’il n’y a pas d’autres alternatives. Mais le volcan démocratique ne fait que sommeiller et sa réaction risque d’être proportionnelle aux abus du passé…

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