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10.000 soldats ont d’ailleurs été mobilisés sur le sol national, doigts sur la gâchette, pour prêter main forte aux gendarmes et aux policiers.
La situation intérieure n’a jamais été aussi tendue. Tourcoing vient de connaître cinq jours d’émeutes, passés sous silence.
Cet exemple caricatural de déni des faits et de déformation des enjeux n’est pas une découverte. Cependant, ce type d’attitude révèle son potentiel de trahison et de collaboration, quand l’ennemi véritable est à ce point ignoré, au profit de la diabolisation d’un « populisme » qui désigne le peuple français comme coupable.
Cet aveuglement, qui court vers le pire, est aussi celui d’Arnaud Montebourg qui a cosigné, hier dans le JDD, une tribune avec le banquier Matthieu Pigasse, sous un titre empruntant à la petite musique de Renaud Camus : « Hébétés, nous marchons droit vers le désastre ». Or cette phrase le définit lui-même. Si l’ancien ministre socialiste dit quelques évidences quand il constate l’ »accession possible (du FN) au pouvoir », le poids trop élevé des impôts ou la lucidité des gens sur la situation de la France, le reste de sa démonstration n’est qu’un salamalec au conformisme dont il se dit pourtant libéré. Celui qui se verrait bien en avatar de Cincinnatus, frondeur attendant d’être appelé par le peuple orphelin, risque de poireauter encore longtemps. Car contrairement à ce qu’il affirme, « les causes réelles et profondes qui jettent des millions de Français dans les bras du FN » ne se résument pas à « l’explosion du chômage, la hausse de la pauvreté et la montée du sentiment de vulnérabilité dans presque toutes les couches de la société française ». Si cela était, Jean-Luc Mélenchon n’en serait pas à cet étiage.
Tout vouloir résumer à la crise économique et sociale est une lâcheté politique qui permet d’éviter d’aborder crise identitaire, qui est le vrai moteur du FN. C’est cette crise, portée par l’immigration de peuplement, le multiculturalisme et désormais la « drôle de guerre », qui attend des solutions. Le choix de Montebourg de ne rien évoquer clairement de ces sujets, pour se contenter de cogner sur Berlin et Bruxelles, décrédibilise ses prétentions politiques et son originalité intellectuelle. Montebourg est une autruche parmi d’autres, dans un monde politique et syndical largué.