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Arabie Saoudite, DAECH, Dominique Jamet, François Hollande, les régimes les plus obscurantistes de la planète, Raef Badaoui, Salman/Kouachi

Le 7 janvier dernier, deux hommes armés de Kalachnikov faisaient irruption dans la salle de rédaction d’un hebdomadaire français et tiraient sur tout ce qui bougeait ou qui ne bougeait pas. Le crime des journalistes de Charlie ? Avoir fait preuve d’irrévérence envers un prophète arabe né au sixième siècle de l’ère chrétienne et du coup blasphémé une religion qui n’était pas la leur. Deux jours plus tard, le 9 janvier, les deux fanatiques assassins étaient abattus comme des chiens par les tireurs d’élite du GIGN. Quatre jours plus tard, le 11 janvier dernier, des millions de Français descendaient dans la rue pour dire leur horreur devant cette tuerie d’un autre âge. Ce jour-là, ils étaient tous Charlie.
Le 9 janvier dernier, Raef Badaoui, un jeune ressortissant d’Arabie saoudite, commençait à subir la peine à laquelle l’avait condamné un tribunal de son beau pays : outre dix ans de réclusion, une première série de cinquante coups de fouet à décompter d’une flagellation totale de mille. Le crime de ce blogueur blagueur ? Avoir ironisé sur Mahomet et souhaité un desserrement du carcan religieux dans lequel, au nom d’Allah, une monarchie théocratique enferme vingt-cinq millions d’hommes et de femmes, en ce début du XXIe siècle.
Le 5 mai dernier, François Hollande, en visite chez le roi Salman, était admis, honneur accordé pour la première fois à un chef d’État occidental, donc mécréant, à assister à une séance du Conseil de coopération du Golfe, organisme qui regroupe les émirats et les royaumes de la péninsule arabe. Le président de la République française, pays des droits de l’homme, remerciait son hôte de cette attention, se félicitait des retombées d’un voyage « fructueux » dont les enjeux se chiffraient en milliards de dollars, trouvait le temps, à Ryad, de condamner le prétendu « fichage » ethnique imputé au maire d’une ville française, mais, pure distraction, se félicitait de l’étrange alliance qui est censée unir contre Daech au sein d’une coalition contre nature les grandes démocraties occidentales et les régimes les plus obscurantistes de la planète, mais ne trouvait pas un instant pour un geste, pour un mot, pour une observation, pour une supplique en faveur de Badaoui.
La Cour suprême d’Arabie saoudite – mais oui, ils ont une Cour suprême ! – confirmait

Le 7 janvier dernier, deux hommes armés de Kalachnikov faisaient irruption dans la salle de rédaction d’un hebdomadaire français et tiraient sur tout ce qui bougeait ou qui ne bougeait pas. Le crime des journalistes de Charlie ? Avoir fait preuve d’irrévérence envers un prophète arabe né au sixième siècle de l’ère chrétienne et du coup blasphémé une religion qui n’était pas la leur. Deux jours plus tard, le 9 janvier, les deux fanatiques assassins étaient abattus comme des chiens par les tireurs d’élite du GIGN. Quatre jours plus tard, le 11 janvier dernier, des millions de Français descendaient dans la rue pour dire leur horreur devant cette tuerie d’un autre âge. Ce jour-là, ils étaient tous Charlie.
Le 9 janvier dernier, Raef Badaoui, un jeune ressortissant d’Arabie saoudite, commençait à subir la peine à laquelle l’avait condamné un tribunal de son beau pays : outre dix ans de réclusion, une première série de cinquante coups de fouet à décompter d’une flagellation totale de mille. Le crime de ce blogueur blagueur ? Avoir ironisé sur Mahomet et souhaité un desserrement du carcan religieux dans lequel, au nom d’Allah, une monarchie théocratique enferme vingt-cinq millions d’hommes et de femmes, en ce début du XXIe siècle.
Le 5 mai dernier, François Hollande, en visite chez le roi Salman, était admis, honneur accordé pour la première fois à un chef d’État occidental, donc mécréant, à assister à une séance du Conseil de coopération du Golfe, organisme qui regroupe les émirats et les royaumes de la péninsule arabe. Le président de la République française, pays des droits de l’homme, remerciait son hôte de cette attention, se félicitait des retombées d’un voyage « fructueux » dont les enjeux se chiffraient en milliards de dollars, trouvait le temps, à Ryad, de condamner le prétendu « fichage » ethnique imputé au maire d’une ville française, mais, pure distraction, se félicitait de l’étrange alliance qui est censée unir contre Daech au sein d’une coalition contre nature les grandes démocraties occidentales et les régimes les plus obscurantistes de la planète, mais ne trouvait pas un instant pour un geste, pour un mot, pour une observation, pour une supplique en faveur de Badaoui.
La Cour suprême d’Arabie saoudite – mais oui, ils ont une Cour suprême ! – confirmait avant-hier la condamnation de Raef Badaoui. Le jeune homme devrait donc subir dans les semaines qui viennent, à moins qu’entre temps mort s’ensuive, la suite du supplice médiéval auquel le voue une législation barbare. L’ONU a dénoncé cette sentence « cruelle et injuste ». La France, qui a condamné la torture dès le règne de Louis XVI, rayé de son code le délit de blasphème sous la monarchie de juillet et aboli il y a trente-quatre ans la peine de mort, se garde bien de désavouer le pays allié, ami et partenaire dont les dirigeants, les juges et les bourreaux lui crachent en substance, en plein visage : « Nous sommes tous les frères Kouachi. » Le plus grand tort des assassins de la rue Nicolas-Appert, en somme, c’est de n’avoir pas disposé, outre leurs pistolets-mitrailleurs, d’un carnet de cheikh bien garni.
avant-hier la condamnation de Raef Badaoui. Le jeune homme devrait donc subir dans les semaines qui viennent, à moins qu’entre temps mort s’ensuive, la suite du supplice médiéval auquel le voue une législation barbare. L’ONU a dénoncé cette sentence « cruelle et injuste ». La France, qui a condamné la torture dès le règne de Louis XVI, rayé de son code le délit de blasphème sous la monarchie de juillet et aboli il y a trente-quatre ans la peine de mort, se garde bien de désavouer le pays allié, ami et partenaire dont les dirigeants, les juges et les bourreaux lui crachent en substance, en plein visage : « Nous sommes tous les frères Kouachi. » Le plus grand tort des assassins de la rue Nicolas-Appert, en somme, c’est de n’avoir pas disposé, outre leurs pistolets-mitrailleurs, d’un carnet de cheikh bien garni.