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Après la très grande vague d’espoir soulevé par son élection, l’approche mesurée prise par Alexis Tsipras pouvait décevoir les partisans, comme moi, d’une approche plus tranchée. Mais sa décision unilatérale de repousser son paiement au FMI démontre une résolution qui rend nerveux ses créanciers…

La pression monte…

Dans la partie de poker que la Grèce joue avec ses créanciers, le gouvernement de Syriza vient de marquer un gros point. En effet, il a pris la décision unilatérale de grouper au 30 juin toutes les créances qu’Athènes devait rembourser au FMI ce mois-ci, dont une de 300 millions d’euros qui devait être honorée la semaine dernière, en utilisant une clause du règlement du FMI qui n’avait été utilisée qu’une seule fois dans l’histoire de l’institution, il y a 30 ans, en vertu de laquelle les pays membres peuvent regrouper des versements de courte durée en un seul. Le 30 juin, Athènes devra rembourser 1,6 milliards d’euros au total au FMI. Sans doute une manière de mettre la pression à ses créanciers ?

Après avoir beaucoup cédé à une troïka seulement renommée, le gouvernement Grec semble vouloir entrer dans une nouvelle phase de négociations avec ses partenaires. C’est ce qu’anticipait justement Romaric Godin dans la Tribune dès le 21 mai en citant le ministre de l’intérieur qui avait prévenu que son pays ne pourrait pas honorer ses échéances de juin, puis le 1er juin, en indiquant qu’« Alexis Tsipras signe l’échec du ‘nœud coulant’ européen ». Il rappellait que Tsipras s’était fait offensif dans le Monde : « si nous ne sommes pas encore arrivés à un accord avec nos partenaires, ce n’est pas à cause de notre intransigeance ou de positions incompréhensibles. Cela serait plutôt à cause de l’obsession de certains représentants institutionnels qui insistent sur des solutions déraisonnables ».

Verdict dans 3 semaines

Le comportement offensif du gouvernement grec est bienvenu en ce qu’il consiste à respecter le mandat que lui ont donné les Grecs il y a quelques mois. On peut considérer que cette fermeté retrouvée quelques mois après l’élection démontre une détermination à laquelle l’ancienne troïka ne semblait plus vraiment s’attendre, d’où une nervosité grandissante au sein des dirigeants européens. Le rapport de force s’est bien équilibré depuis la fin de l’hiver. Même s’il a beaucoup cédé au début, le gouvernement Grec montre depuis quelques semaines qu’il ne cèdera plus aux injonctions de ces créanciers qui martyrisent et humilient son pays et sa population depuis déjà plus de cinq longues années.

Malgré tout, tant que la partie de poker continue, il n’est pas possible de trancher. Même si Alexis Tsipras aborde la partie avec une fermeté et une détermination renouvelées, nul ne sait s’il est vraiment prêt à faire défaut à la fin du mois plutôt que de signer un accord qui représenterait une poursuite à peine déguisée des politiques qu’il avaient dénoncées. Car ce n’est que s’il est prêt à une véritable rupture avec la zone euro et le FMI que ces derniers seront alors véritablement dos au mur et devront trancher entre accepter le début de la déconstruction de la zone euro ou céder aux exigences de la Grèce, au risque de provoquer de nouvelles demandes en Espagne ou ailleurs, et encourager Podemos…

La bonne nouvelle, c’est que nous devrions connaître la fin d’un acte majeur de la crise Grecque à la fin du mois. Mieux encore, les représentants du peuple semblent défendre plus sûrement le mandat qui leur a été confié en début d’année. Les chances d’un début de fin de la monnaie unique sont remontées.

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