Étiquettes
Diego Urdaneta – Agence France-Presse à Miami

Jeb Bush, frère et fils des deux derniers présidents républicains des États-Unis, a officialisé lundi sa candidature aux primaires présidentielles de 2016, lors d’un discours à Miami.
«Je suis candidat à la présidence des États-Unis», a-t-il déclaré devant des sympathisants, plus de six mois après avoir confirmé son intérêt pour la Maison Blanche.
«Le parti en place à la Maison Blanche est déjà en train de planifier une primaire sans suspense, pour une élection sans changement», a estimé Jeb Bush, en référence au statut de favorite d’Hillary Clinton aux primaires démocrates. «Vous et moi savons que l’Amérique mérite mieux».
Le républicain, âgé de 62 ans, est revenu longuement sur son bilan de gouverneur du grand État de Floride, de 1999 à 2007, une expérience exécutive présentée comme la meilleure préparation pour la présidence du pays.
«Nous reviendrons du côté de la libre-entreprise et d’un peuple libre», a-t-il déclaré. «Je sais que nous pouvons y arriver, car je l’ai fait.»
«Il n’y a aucune raison pour laquelle nous ne pourrions pas avoir une croissance de 4% par an. Et ce sera mon objectif de président: 4% de croissance et les 19 millions d’emplois qui en découleront», a affirmé Jeb Bush.
Contre la «bureaucratie»
Le républicain a promis de s’en prendre aux syndicats et à la «bureaucratie» de la capitale fédérale.
«Nous avons besoin d’un président prêt à remettre en question et bouleverser toute la culture de notre capitale», a ajouté Jeb Bush, en se présentant comme un responsable politique en dehors du jeu politique national.
Abordant la politique étrangère, il s’en est pris au bilan des années «Obama-Clinton-Kerry» au passif desquelles il a attribué une litanie de crises à l’étranger.
L’événement de Miami, une ville où la communauté cubano-américaine est importante et influente, comptait de nombreux sympathisants hispaniques, dans la salle et sur scène, dont des chanteuses d’origine cubaine et la mère d’une fille handicapée d’origine colombienne. L’épouse de Jeb Bush, Columba, est d’origine mexicaine.
«Dans cette famille, non seulement nous parlons espagnol, mais nous connaissons l’importance de la communauté latino», a déclaré le fils de Jeb Bush, George P. Bush, lui-même jeune élu local au Texas.
Différend de George
L’annonce était guettée depuis six mois, quand le républicain était de fait entré dans la course en confirmant son intérêt pour la présidence et en commençant à lever des millions de dollars auprès du dense réseau de donateurs tissé depuis plusieurs décennies, dans les pas de son frère et de son père.
Il n’a pas envie de s’attarder sur la présidence de George W. Bush. Certes, il répète souvent son admiration inconditionnelle pour son frère et leur père, le premier président Bush, mais il insiste : « Jeb est différent de George. » C’est que ses liens familiaux l’ont déjà fait trébucher sur la question de l’invasion de l’Irak. Après avoir défendu la décision de son frère, il a récemment admis qu’avec le recul, s’il avait été président lui-même, il n’aurait pas ordonné l’invasion.
Les démocrates tentent d’assimiler les deux frères. « Il reste le même républicain sans lien avec la réalité et qui reprendra les politiques de son frère », a écritJessicaMackler, présidente d’American Bridge, une officine démocrate.« On a déjà vu à quoi ressemble une économie Bush. Jeb doublerait la mise », a dit lundi la présidente du parti démocrate Debbie Wasserman Schultz, sur CNN.
Terrain perdu
L’annonce de lundi a pour but de relancer une candidature qui, face à l’entrée en campagne de nombreux autres républicains, a perdu de son allure. Il se situait nettement devant le peloton des autres candidats au début de l’année dans les sondages, mais son avance a été quasi annulée. Il se retrouve talonné, selon la moyenne calculée par le site realclearpolitics.com, par le gouverneur duWisconsin,ScottWalker, et le sénateurMarcoRubio, deux quadragénaires.Les cercles les plus conservateurs s’inquiètent du relatif recentrage opéré par le candidat Bush, alors que l’ancien gouverneur Bush était plus idéologiquement conservateur. Sur le fond, Jeb Bush s’est par exemple distingué de ses rivaux en appelant à une réforme du système d’immigration ouvrant la voie à des régularisations massives. Sur l’éducation, l’un de ses sujets de prédilection, il soutient une refonte nationale des programmes rejetée par le Tea Party comme trop centralisatrice.
L’éducation figure en première place dans une vidéo de campagne diffusée dimanche. Le républicain y vante la création d’un programme en Floride donnant des bons aux enfants de familles modestes pour leur permettre de payer la scolarité dans des écoles privées.Jeb Bush a aussi dirigé, jusqu’à l’an dernier, la Fondation pour l’excellence éducative, où il a promu une hausse des standards d’enseignement américains, jugés médiocres par rapport à ceux d’autres grands pays concurrents des États-Unis.