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Par Pierre-Olivier Rouaud 

Drapeaux iraniens
© TGIGreeny – Flirck – C.C

La levée des sanctions contre Téhéran donnerait le feu vert à une flopée d’entreprises.

Encore plus imprévisible que la Grèce… Une autre négociation internationale doit, en principe, trouver son issue avant la fin du mois, celle sur le nucléaire iranien. Les effets géostratégiques d’un « deal » entre Téhéran et les grandes puissances seraient innombrables. Plus prosaïquement, un accord avec le régime des mollahs, et donc l’allégement des sanctions, aurait aussi des impacts économiques internationaux directs.À commencer par le retour en force du pays sur les marchés pétroliers mondiaux.

Les géants du pétrole sont prêts 

Pour rappel, en 2011, avant le durcissement des sanctions, la production atteignait 4,1 millions de barils par jour, contre 3,3 millions de barils aujourd’hui. Les exportations, bridées, devraient repartir. Même si la montée en puissance prendra du temps, l’effet dépressif sur le prix de l’or noir devrait être assez net. Surtout, l’allégement des sanctions donnerait le feu vert à une flopée d’entreprises pour reprendre les affaires avec Téhéran.

Les candidats ne manquent pas. En tête, les géants du pétrole. « Dès que cela sera possible, nous nous intéresserons à l’Iran », a lancé, début juin, Ben van Beurden, le PDG de Shell. La plupart des « majors », dont Total (notamment sur le champ gazier South Pars), ont travaillé en Iran. Mal exploité, mal exploré, le potentiel du pays, avec ses 157 milliards de barils de réserves de pétrole ou 18 % des réserves de gaz, en a fait rêver plus d’un. Aujourd’hui, les sanctions américaines interdisent de facto aux entreprises ayant des relations d’affaires avec les États-Unis de commercer avec l’Iran.

D’autres secteurs industriels concernés 

C’est leur levée (après accord du Congrès) qui déclenchera la reprise d’un réel business. Et pas que dans l’or noir. Si la Chine a comblé le vide laissé par les entreprises occidentales (le commerce entre la Chine et l’Iran a atteint un record de 52 milliards de dollars en 2014, soit une hausse de 72 %), la machine productive iranienne, exsangue, a besoin de technologies et de capitaux. C’est le cas de l’automobile, l’un des fleurons (potentiels) de l’industrie. Déjà, les constructeurs prennent leurs marques, notamment PSA et Renault, forts d’un long historique dans ce pays. PSA qui a vendu en Iran jusqu’à 400 000 véhicules par an (sous licence) discute avec son ex-partenaire Iran Khodro, une firme d’État qui produit toujours… des Peugeot. General Motors est aussi sur les rangs.

Chimie, mécanique, agroalimentaire… dans tous ces secteurs, les entreprises sont l’arme au pied. Avec ses 77 millions d’habitants, une population éduquée, l’Iran, qui vient de subir trois ans de récession et affronte une inflation galopante, est le seul pays de sa région pouvant devenir une puissance industrielle. C’est ce qui effraie aussi ses voisins.

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