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(AFP)

L’offre de rachat de Bouygues Télécom par le propriétaire de Numéricable-SFR Patrick Drahi relève à la fois du « coup de poker » et de « petits arrangements entre amis » au détriment de l’emploi et des consommateurs, analysent lundi des éditorialistes.

Les Echos titre en une sur « Le coup de poker de SFR pour dominer les télécoms ». « La cause est entendue, les opérateurs télécoms ne gagnent pas autant d?argent qu?avant. A les entendre, leurs marges ont tellement fondu qu?ils auront du mal à investir dans le très haut débit fixe et mobile dont la France a besoin », souligne David Barroux dans un éditorial du quotidien économique. « Tout cela est en grande partie exact. Mais cela n?est pas suffisant pour justifier un rachat sans conditions de Bouygues Telecom par SFR- Numericable. Pas suffisant non plus pour justifier que les opérateurs s?entendent discrètement dans une forme de petits arrangements entre amis pour se partager la dépouille d?un Bouygues voué à disparaître ».

Il y a clairement « de la friture sur la ligne », ironise Laurent Bodin (L’Alsace). Le patron de Free « Xavier Niel a-t-il trouvé, avec Patrick Drahi, plus fort que lui ou un allié de circonstance? », s’interroge-t-il. De fait « Free et Orange ont fait preuve, dans leurs réactions, d’une inhabituelle bienveillance vis-à-vis de l’offre de Numéricable-SFR. Ce qui confirmerait que des accords ont déjà été conclus. Les trois opérateurs potentiels restant, Free en tête, auront bien du mal à faire croire qu’une concurrence saine et loyale existe », conclut-il.

– « Le précédent Messier » –

Selon Didier Rose, (Les Dernières Nouvelles d’Alsace), l’offre de 10 milliards d’euros est bien un « coup de poker face à la concurrence » qui « révèle aussi le potentiel des téléphones mobiles dans l’économie dématérialisée » alors que « le portable est en passe de devenir moyen de paiement, ordinateur, centrale de services et support majeur d’achat sur internet ».

Mais Patrice Chabanet (Le Journal de la Haute-Marne) y voit surtout « une fuite en avant ». Car « c’est toute la stratégie de Drahi qui interpelle ou qui fait peur » alors que « ses acquisitions s’effectuent au prix d’un endettement massif, estimé déjà à plus de 30 milliards d’euros, avant même le rachat éventuel de Bouygues Telecom ».

« Le précédent Jean-Marie Messier et sa boulimie légendaire ont laissé de mauvais souvenirs en France », relève-t-il. « Les syndicats craignent déjà un essorage d’effectifs sans précédent ». Et le consommateur « assiste impuissant à de gigantesques man?uvres dont il pourrait être le dindon de la farce ».

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