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Marjorie Théry

Pourquoi l’annulation d’une partie de la dette grecque ne revient-elle pas plus fréquemment dans les commentaires, alors que les négociations semblent chaque semaine au bord d’un échec? A force d’écarter ce scénario, la tragédie du Grexit, voire d’une sortie de l’Union européenne, acquiert une probabilité trompeuse. Même si l’espoir finit par renaître ponctuellement, comme en début de semaine.

Les cinq derniers mois de négociation autour du sujet ont été l’occasion de rappeler que la dette allemande n’a jamais été remboursée à la Grèce au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Inutile pourtant de remonter aussi loin pour relever des annulations de tout ou partie de dettes publiques. La France a annulé celle de la Côte d’Ivoire pour un montant de 3 milliards d’euros l’an dernier. Un montant qui paraît faible, mais les exemples s’accumulent. D’après le site du Trésor Public français, l’encours de créances total de la France sur les Etats étrangers s’élevait à environ 38,3 milliards d’euros fin 2013 (données 2014 non disponibles). Cette même année, la France en a annulé plus de la moitié, soit environ 20 milliards. La plupart pour des pays en développement ou dans le cadre d’accord bilatéraux.

Pas moins de 600 restructurations de dettes publiques ont été négociées ces 50 dernières années. Elles sont rarement favorables aux Etats endettés, sauf dans des circonstances exceptionnelles. Ne peut-on pas dire que la Grèce est dans une situation exceptionnelle, alors que son produit intérieur a fondu de plus d’un quart depuis les débuts de cette crise et qu’un échelonnement de ses dettes ne semble que l’enfoncer un peu plus dans la récession?

Plusieurs dirigeants français ou allemands ont pourtant exclu publiquement l’option d’une annulation. Alors qu’un Grexit semblait proche il y a encore quelques jours, l’ambiance est revenue lundi au schéma exaspérant de «négociation de la dernière chance». Ce qui ressemble davantage à une régression qu’à une véritable avancée.

En 2012 déjà, la restructuration de la dette grecque était vue comme un succès avec un accord qualifié d’historique. Trois ans plus tard, la situation semble n’avoir qu’empiré. L’Europe a-t-elle vraiment envie d’un retour perpétuel à la case départ?

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