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Bien sûr, il est encore un peu tôt pour juger, mais les éléments disponibles à date semblent indiquer que la Grèce a largement cédé aux demandes de ses créanciers. Comme une impression de déjà-vu qui aboutira aux mêmes résultats et ne résoudra pas grand-chose aux problèmes du pays.

La troïka mène (largement) au score

Bien sûr, Syriza peut s’abriter derrière le respect de deux lignes rouges qui n’ont pas été franchies, à savoir la hausse de la TVA sur l’énergie et la baisse des petites retraites. Mais la proposition faite par le premier ministre Grec semble malheureusement confirmer les craintes que l’on pouvait avoir dès le mois de mars. Dans le bras de fer qui l’opposait à la troïka, cette dernière semble l’avoir largement emporté. Bien sûr, quelques aspects de l’accord pourront donner le change, notamment la question des lignes rouges, mais finalement, la Grèce n’a-t-elle pas beaucoup plus cédé que ses créanciers car ces deux points ne sont que des modalités, en partie secondaires et substituables.

Tout le problème est qu’Athènes n’a cessé de céder sur des questions de principe. D’abord, après avoir dit refuser négocier à nouveau avec la troïka, Alexis Tsipras a accepté de continuer, simplement en changeant le nom de ses interlocuteurs… Ce nouvel accord marque deux concessions considérables d’Athènes. La Grèce a présenté un plan qui prévoit un excédent budgétaire primaire de 2% pour 2016 et 3,5% en 2018, cédant au sado-masochisme austéritaire et inhumain des créanciers, même s’il faut reconnaître qu’une partie des hausses d’impôt ont un caractère progressiste et que certaines mesures semblent avoir du sens, comme l’augmentation de la TVA dans l’hôtellerie. Mais, il n’a rien obtenu sur le montant de la dette, alors que cela faisait partie de ses premières demandes.

Tsipras refuse une alternative qui s’imposera

Bref, dans la partie de poker qui l’opposait à la troïka, il semble qu’Athènes avait davantage peur de quitter la zone euro que la zone euro n’avait peur que la Grèce ne la quitte… Il faut lire l’interview d’un membre du gouvernement Grec par Romaric Godin. Il soutient que « c’est un compromis dur, mais viable. Il n’aura pas de difficulté à passer au parlement (…) Les députés comprendront qu’il n’y a pas d’autre solution ». Il est assez choquant d’entendre un ministre Syriza soutenir qu’il n’y aurait pas d’autre solution et reprendre l’antienne de Margaret Thatcher et des euro-austéritaires les plus obtus. Et cela est d’autant plus effarant que Syriza a été élu comme une autre solution…

Outre le problème démocratique que cela pose, si ce plan se confirmait, ce qui n’est pas encore garanti, entre les protestations du FMI, ou au sein de Syriza, il ne serait qu’un bricolage temporaire qui devra une fois de plus être complété à la prochaine crise. En l’état actuel, la dette grecque n’est pas soutenable et elle devra tôt ou tard être renégociée. Les excédents budgétaires primaires vont peser sur la croissance, car comment croître quand un Etat taxe bien plus qu’il ne dépense ? Bref, ce plan sera comme tous les plans qui ont précédé, à savoir qu’il ne règle pas les problèmes Grecs. Il reste dans la même logique austéritaire, même si elle est moins extrême et moins injuste.

Comme au début de la crise, les autorités grecques, même avec de nouveaux dirigeants, restent paralysées à l’idée de sortir du cadre européen. Cela est tristement compréhensible, même si l’Argentine montre que la voie souveraine est l’issue à cette impasse. Dommage que Syriza semble vouloir la refuser et se résigner à faire un peu moins pire que les autres gouvernements, au lieu de libérer son peuple.

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