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Annulation pure et simple de la dette ou sortie de la zone euro, peu importe. L’essentiel est de mettre un terme une fois pour toutes à la crise grecque.

Daniel Varela*

Un nouveau chapitre de la dramaturgie économique grecque, en phase d’écriture, crée de nouveaux remous sur les marchés. Les investisseurs craignent qu’un défaut grec ne replonge l’Europe dans la crise. C’est oublier que le contexte est très différent de celui de 2010. Entretemps, le système bancaire européen a fortement réduit son exposition à la dette grecque et les instances européennes ont mis en place les pare-feux nécessaires pour éviter toute contagion.

La crise hellénique masque également les nombreux progrès économiques à l’échelle européenne comme mondiale. La zone euro profite de la relance du crédit bancaire due à la politique ultra accommodante de la BCE. Les Etats-Unis ré-accélèrent après un hiver particulièrement rigoureux et la politique du premier ministre Abe continue de porter ses fruits au Japon. Seuls les marchés émergents se montrent poussifs, à commencer par la Chine et ce malgré les efforts de relance des autorités.

Par ailleurs, la stabilisation des cours des matières premières laisse espérer que  le pire est passé pour ce qui est de l’épisode déflationniste. Le début de redressement des salaires aux USA incite même à penser qu’une normalisation de l’inflation est en cours, ce qui permettra à la Réserve fédérale de commencer à remonter ses taux dès cet automne. Elle sera peut-être imitée par la Banque d’Angleterre, ce qui devrait maintenir une tendance haussière sur le dollar et la livre sterling. On pourrait dès lors envisager une sortie de la période de guerre des monnaies, même si les politiques monétaires devraient rester longtemps accommodantes partout ailleurs.

Ce contexte mondial de normalisation progressive de l’économie, de l’inflation et des politiques monétaires pointe sur une lente remontée des rendements. Malgré un cycle boursier qui devient plus mature, les actions devraient donc faire mieux que les obligations. L’évolution des bourses européennes dépendra beaucoup du résultat des négociations concernant la Grèce. Une simple prolongation de quelques mois du programme existant serait décevante. Une issue plus durable comme une annulation drastique de la dette, voire une sortie de la zone euro (Grexit), nous inciterait à devenir plus constructifs et à augmenter les actions européennes. Les bourses émergentes restant pénalisées par une activité chinoise atone, nous les réduisons marginalement dans les grilles d’investissement en faveur d’une augmentation des actions américaines.

En ce qui concerne les monnaies, la BNS semble être parvenue à endiguer la force du franc suisse, ce qui nous incite à ne plus couvrir l’euro intégralement dans les portefeuilles CHF.

*Chief Investment Officer, Banque Piguet Galland

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