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Grégoire Barbey

La zone euro découvre la démocratie.  C’est ce que l’on est  tenté de penser après la décision du premier ministre grec Alexis Tsipras, de soumettre les nouvelles demandes des créanciers au référendum populaire. Le gouvernement grec a même appelé les citoyens à refuser les exigences européennes. De son côté, l’Eurogroupe a publié un communiqué, faute d’approbation du ministre grec des Finances Yanis Varoufakis. Une sorte d’exclusion symbolique de la zone euro. Face aux multiples humiliations bien sollicitées par le gouvernement Tsipras à Bruxelles, la décision de donner aux Grecs la possibilité de se déterminer sur l’avenir de leur nation était dans le fond inévitable. Incompétents en matière de consultation populaire par référendum (c’est surtout le cas de l’Allemagne), les partenaires européens ont  joué l’incompréhension et la panique. Le gouvernement grec ne serait pas habilité à interroger sa population. Vu de Suisse, cette approche paraît forcément décalée.

Les exigences européennes visant à flexibiliser le marché du travail, à réformer douloureusement les retraites et à augmenter la TVA sur les îles ne sont pas négociables? Réponse:  nous avons pourtant proposé des pistes sérieuses pour réduire la colossale dette publique. Mais ce n’était – aux yeux de l’Eurogroupe – jamais assez.

Impasse classique, qui renvoie en l’occurrence à l’éternel approche top down de l’UE. L’objectif de réduction des déficits publics doit être atteint. En quoi la manière d’y arriver doit-elle faire l’objet d’exigences particulières?

En Suisse, on imagine assez mal la Confédération poser des conditions aussi strictes au canton de Genève pour résorber sa dette phénoménale.

Dans l’eurozone, c’est habituel. Enfin, pas pour tous. La France peut dépasser les limites du déficit public sans que l’on exige d’elle de flexibiliser son marché du travail – elle en aurait pourtant besoin. On nomme même en charge de la fiscalité européenne un ministre français des Finances en fonction. Cette apparente inégalité de traitement passe mal dans  l’opinion publique. La zone euro doit changer de logique et donner plus de latitude à l’autodétermination des Européens. Quelle que soit l’issue du référendum grec.

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