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Ils sont touchants, nos dirigeants. Ils ont un cœur qui bat derrière leur cravate. Mais surtout, eux, ils sont « res-pon-sa-bles ». Comprendre : comparés aux gouvernants grecs. Ils nous le répètent en boucle, en mode « bourrage de crâne », depuis ce week-end. Et ils attendent des citoyens hellènes qu’ils le soient (responsables) à leur tour. Même au-delà de l’entendement. Juncker les appelle ainsi à… « voter oui, quelle que soit la question posée » lors du futur référendum !
Nicolas Sarkozy, lors d’un voyage à Madrid, ce lundi, a entonné le même refrain : « Quel cynisme, quelle démagogie, quelle irresponsabilité. » Et au cas où l’on n’aurait pas saisi le message, l’ancien président a renchéri : « Par l’irresponsabilité de son Premier ministre, la Grèce s’est suspendue elle-même de la zone euro. » On pensait pourtant que cela avait été formalisé, du moins symboliquement, quand l’Eurogroupe s’est réuni en l’absence de Varoufakis, le ministre grec des Finances…
Dans la même lignée, Bruno Le Maire, qui se verrait bien en « troisième homme » de la primaire de l’ex-UMP (voir le numéro de Marianne en kiosques), a tenu à montrer qu’il ne fait pas que jouer au rebelle en venant aux congrès de l’ex-UMP sans veste. C’est aussi un homme remonté. Le voilà mardi derrière les micros de France Inter : « Quand je vois augmenter les taux d’intérêt des Espagnols et des Italiens à cause de M. Tsipras, ça me révolte. »« Alexis Tsipras a menti de bout en bout au peuple grec », a même pesté l’énarque. Et mentir — ce qui reste largement à prouver —, ça ne viendrait sûrement pas à l’idée de nos « res-pon-sables » politiques…
Quant à Moscovici, il a fait des rêves chastes sur RTL : « Je souhaite que M. Tsipras puisse appeler à voter oui [au référendum]. » Mardi matin, le commissaire européen a entonné la ritournelle des négociateurs : « Nous sommes à quelques centimètres d’un accord », a-t-il rabâché. Apparemment, notre homme a séché quelques cours de géométrie. Car le ministre grec de la Réforme, George Katrougalos, a pourtant fait entendre une autre musique dans Libération daté d’aujourd’hui : « Nos créanciers ont mis sur la table des propositions que nous avions déjà toutes refusées et qui semblaient désormais hors sujet. (…) Leur stratégie n’était pas de discuter d’un accord, mais d’épuiser le temps qui restait en utilisant le manque de liquidités en Grèce comme un moyen de pression. » Une stratégie d’irresponsables, non ?
