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Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’histoire de l’humanité, il y eut des murs.


Nicolas Gauthier
 Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’histoire de l’humanité, il y eut des murs. Ceux de Jéricho, abattus à grands coups de trompettes. Celui des Lamentations devant lequel même le pape Jean-Paul II vint s’incliner. Puis, Grande Muraille de Chine, mur de Berlin façon rideau de fer, mur de barbelés dressé par les USA à la frontière mexicaine, mur édifié autour des réduits palestiniens, mur encerclant les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla au Maroc, murs séparant désormais Bulgarie et Turquie, Hongrie et Serbie. Sans oublier le mur des cons de nos magistrats farceurs, sur lequel étaient épinglées les photos de ces deux grands humoristes que sont Dieudonné et Jacques Attali.

Bref, si le mur sert à séparer, il permet également de se définir. Même les jardins ouvriers du siècle dernier étaient clos – avec trois planches clouées de guingois et deux bouts de fil de fer -, mais clos, néanmoins.

Après, il y a plusieurs sortes de murs. Pour faire court, les murs de gauche et ceux de droite. Le concept des premiers se résume à ceci : « Le régime en place ne te plaît pas. Eh bien, du coup, tu vas rester… » Les seconds sont finalement plus cools : « Le régime en place ne te plaît pas. Eh bien, du coup, casse-toi et n’y reviens pas… » Toute la différence entre le Cuba de Castro et le Chili de Pinochet, entre les murs qui empêchent de partir et ceux qui interdisent de revenir.

Certains murs plus récents obéissent à une logique similaire. Celui bâti par les Israéliens autour des Palestiniens de Gaza, de Cisjordanie ou de Jérusalem a été fait pour les empêcher de sortir de leur prison à ciel ouvert. Ceux des Bulgares et des Hongrois pour empêcher d’autres gueux de sortir de chez eux pour venir chez nous. La problématique des accords de Schengen, de plus en plus remise en cause, participe du même processus : comment rétablir des frontières alors que les artisans de l’Europe rêvaient d’un monde… sans frontières.

Dans son essai Éloge des frontières, Régis Debray a écrit d’assez jolies et très savantes pages sur le sujet. La frontière, en effet, qu’elle soit dictée par la géographie ou par l’idéologie – voir la nouvelle frontière de John Fitzgerald Kennedy -, consiste avant tout à définir un territoire, à distinguer ce que l’on est, par rapport à l’autre, qui est ce que l’on n’est pas.

Pour conclure, il existe encore d’autres murs. Celui de l’incompréhension entre les civilisations ne sera certainement pas le plus facile à abattre. Enfin, c’est ce que certains murmurent…

Boulevard Voltaire – La liberté guide nos pas