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Environ 2000 personnes se sont rassemblées dans la capitale iranienne pour demander «un bon accord nucléaire». (AFP)

Les négociateurs se sont donnés une semaine supplémentaire pour parvenir à un compromis qui ouvrira la voie à la levée des sanctions en échange du gel du programme nucléaire iranien
Sans grande surprise, les acteurs des négociations sur le nucléaire iranien vont jouer les prolongations. La date butoir du 30 juin a été reportée au 7 juillet. Le scénario de Lausanne, où un accord-cadre intermédiaire avait été arraché en avril dernier au terme de dix jours d’un marathon diplomatique, pourrait bien se rejouer à Vienne. Ce n’est qu’au bord de l’épuisement que les plus hauts diplomates des principales puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne, P5 + 1 dans leur jargon) et de l’Iran avaient alors annoncé un résultat jugé aussitôt comme historique par le président Barack Obama.
Si la question essentielle des quantités d’uranium enrichi par l’Iran – soupçonné de vouloir se doter de l’arme nucléaire – a été entérinée, il reste un grand nombre de détails de mise en application à régler, pour beaucoup d’ordre purement procédural (lire ci-dessous). Cela signifie-t-il que l’élan provoqué il y a deux mois aux bords du Léman est retombé? «Il souffle plutôt un vent d’optimisme à Vienne, corrige Ali Vaez, chercheur à l’International Crisis Group, qui a fait le déplacement dans la capitale autrichienne. Cela prendra le temps qu’il faut, mais le sentiment est qu’on ne peut plus revenir en arrière. C’est accord est «too big to fail» [trop grand pour échouer].»
En Iran et plus encore aux Etats-Unis, les conservateurs ont redoublé d’efforts ces derniers jours pour exprimer tout le mal qu’ils pensaient de cet exercice en vue d’un compromis – et tourner par là même la page de trente ans de relations empoisonnées entre les Etats-Unis et l’Iran. Les républicains ont à plusieurs reprises menacé le président des Etats-Unis de faire obstruction à un accord qui ne respecterait pas leurs lignes rouges. Ils ont été rejoints par cinq anciens conseillers sur l’Iran de Barack Obama qui se sont à leur tour fendus d’une lettre mettant en garde contre la tentation de trop céder à la partie adverse.
A Téhéran, le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, reste le maître du jeu sans l’aval duquel rien ne peut changer, y compris dans le domaine nucléaire. La semaine dernière, il communiquait ses propres lignes rouges dont certaines, ambiguës, contredisaient les engagements pris à Lausanne par son ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif.
La France continue de son côté de souffler le chaud et le froid, Laurent Fabius se faisant attendre à Vienne. Quant au premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, il dénonce sans faiblir «une énorme erreur».
Les deux principaux tenants d’un accord, Barack Obama et son homologue iranien Hassan Rohani, ne dévient pourtant pas de leur objectif. Chacun joue en partie sa place dans l’Histoire. Une réconciliation – que permettrait un accord sur le nucléaire – serait un événement diplomatique majeur après la rupture qui remonte au début des années 1980.
«Cet accord sera signé par nécessité par les deux parties, poursuit Ali Vaez. Le coût d’un échec serait trop élevé avec la menace d’une guerre à la clé. Cela ne veut pas dire qu’on passera aussitôt à une normalisation des relations. Il n’est pas question d’annuler les sanctions mais de les alléger dans un premier temps. C’est le début d’une désescalade. Mais une chose a déjà changé: désormais les deux pays communiquent et au plus haut niveau.»
La date du 7 juillet n’a pas été retenue au hasard. C’est la limite pour lever les sanctions américaines sans devoir s’assurer de l’aval du Congrès. Au-delà de cette date, Barack Obama devra faire usage de son droit de veto. «Les mathématiques sont de son côté, le camp du non à un accord avec l’Iran n’arrivera pas à lui faire obstacle, mais ce sera une bataille très dure», ajoute Ali Vaez.
Mardi soir, Barack Obama affirmait qu’il ne signerait pas un mauvais accord mais qu’il gardait bon espoir. Ali Khamenei twittait qu’il avait toute confiance en ses négociateurs. Un signe aussitôt interprété comme une volonté d’aller de l’avant.