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Par Ludovic Dupin 

 Le prix Nobel d’économie français Jean Tirole est inquiet à six mois du sommet sur le climat qui se déroulera à Paris. Sans possibilité de sanctions, il craint que les promesses des Etats en matière d’émissions de gaz à effet de serre n’aient peu d’effets

Il ne faudrait pas que « la COP21 à Paris ne soit qu’un centre d’enregistrement de promesses« , met en garde Jean Tirole, à six mois de la conférence sur le climat à Paris. Lundi 29 juin, le prix Nobel d’économie français intervenait à la fondation EDF, à Paris, sur le thème de la gouvernance pour lutter contre le changement climatique. Dans l’assistance, de nombreux cadres d’EDF, dont le premier d’entre eux, le Pdg Jean-Bernard Lévy, mais aussi le président d’Areva, Philippe Varin.

Jean Tirole dénonce un cercle vicieux des négociations climatiques. D’une part, tout le monde craint le « passager clandestin« , c’est-à-dire le pays qui ne s’engage pas sur des taxes carbones et bénéficie des engagements des autres. Ainsi, il récupère la « fuite du carbone« , comprendre : la délocalisation des industries les plus émettrices. D’autre part, « les économies très carbonées sont en position de force dans les négociations climatiques futures. Ce sont les pays qui polluent le plus qui bénéficient le plus de compensations« .

 faire payer les émissions de carbone

Pour qu’une gouvernance soit efficace pour lutter contre le réchauffement climatique, la seule solution est de faire payer les émissions de carbone. « Que ce soit une taxe carbone ou un marché carbone, c’est une question de second ordre« , affirme l’économiste. Ce qui lui semble important est la capacité de vérifier les émissions à l’échelle des pays, par exemple « à l’aide d’outils satellitaire confié à une autorité indépendante« . En matière de sanctions, Jean Tirole juge que « ne pas tarifer le carbone, c’est faire du dumping et donc l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pourrait s’en charger. Mais il est tellement compliqué d’obtenir des accords à l’OMC que c’est difficile de les sacrifier pour le climat« . Autre piste : il propose « d’assimiler la dette climatique à une dette nationale« .

Jean Tirole affirme « être autant inquiet qu’avant le dernier sommet de Copenhague. Les promesses, mêmes ambitieuses, seront-elles mises en oeuvre sans mesure de rétorsion ? » Au minimum, l’économiste attend une trajectoire mondiale de baisses des émissions de CO2 et un accord sur la surveillance des émissions nationales. Pour y parvenir, Jean Tirole juge que les pays membres du G20 devraient « déjà négocier entre eux« .

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