Aux yeux du Fonds monétaire international (FMI), le marasme des Grecs est tel qu’il faut alléger l’« insoutenable » dette du pays et injecter de l’argent frais. Une approche qui déroge de la nouvelle ronde de mesures d’austérité préconisées par les leaders européens, l’Allemagne en tête.
Le FMI a adopté cette position jeudi, à trois jours d’un vote crucial par lequel la population grecque acceptera ou rejettera les propositions de ses créanciers, notamment destinées à juguler une dette équivalente à 180 % du produit intérieur brut (PIB) du pays.
La position du FMI consiste à permettre à Athènes de ne pas rembourser sa dette pendant une période de grâce de 20 ans; et de ne pas avoir à faire de paiement final sur cette dette d’ici 2055. Le FMI estime également qu’il faut sur-le-champ relancer l’économie grecque par un fonds d’aide de 10 milliards d’euros à court terme et 50 milliards d’euros d’ici trois ans.
Une position susceptible de plaire à Athènes
Cette analyse du FMI n’échappera pas au premier ministre grec, Alexis Tsipras, qui pousse ses concitoyens à voter non dimanche et n’a de cesse de réclamer plus de souplesse afin de pouvoir restructurer la dette.
Cependant le rapport du FMI écorche au passage le gouvernement de la gauche radicale de Tsipras puisqu’il y est dit que la situation budgétaire de la Grèce s’est aggravée au début de l’année, en raison « d’importants changements politiques ». « Comparé à il y a un an […], il y a eu un important nombre d’insuffisances dans un certain nombre de domaines », a commenté un haut responsable du Fonds sous couvert d’anonymat, faisant ainsi une allusion évidente à la venue au pouvoir du parti Siriza.
La confiance ne règne pas
Rappelons que c’est vendredi dernier que le premier ministre Tsipras avait annoncé la tenue du référendum, créant la surprise la plus complète auprès du FMI, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne, les trois institutions qui supervisent la mise en oeuvre de réformes économiques en Grèce.
Ensuite, mardi, la Grèce s’est retrouvée dans l’incapacité de rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI, plaçant ainsi le pays en défaut de paiement.
Plus tard, l’Eurogroupe, soit la réunion des ministres des Finances de la zone euro, a décrété par la voix de la chancelière allemande Angela Merkel qu’il n’y aurait aucune nouvelle négociation avec Athènes d’ici au référendum.
Une dette colossale pour un pays
Les Européens détiennent 211 milliards d’euros de la dette grecque, sur un total de 280 milliards.
Pour le président du parlement européen, Martin Schulz, il faudra un changement de gouvernement en Grèce advenant que les Grecs votent oui au référendum. De nouvelles élections s’imposeront « si le peuple grec vote pour le programme de réformes et donc pour le maintien dans la zone euro et si [le premier ministre Alexis] Tsipras, de façon logique, démissionne », a déclaré M. Schulz dans un entretien publié jeudi par le quotidien allemand Handelsblatt.