Étiquettes

,

 

Quoiqu’il arrive (quelle que soit son issue) le referendum organisé en Grèce signera la fin des haricots pour les Européens. Voici pourquoi.

Si le oui gagne en Grèce…

On imagine la scène: Tsipras et consors (dont ce guignol de Varoufakis qui nous rappelle qu’un universitaire grec exilé au Texas n’est pas plus sérieux qu’un universitaire français enseignant à la Sorbonne) ont fait campagne pour le « non » au nom de la démocratie. Et le referendum organisé en un temps record avec une question emberlificotée se termine en eau de boudin pour Syriza. Le peuple grec, paré de toutes les vertus romantiques par la gauche française, désavoue son Premier Ministre.

On a envie par avance de lire sous la plume de Mélenchon, de Maurel, et d’autres, les commentaires sur ce choix final. On verra dimanche soir ou lundi matin si la pratique référendaire et le recours au peuple sont toujours aussi héroïques qu’on ne l’a entendu cette semaine.

En attendant, l’Europe se trouvera dans de beaux draps: un Etat membre de la zone euro en faillite, un plan mal ficelé approuvé par les électeurs, et un gouvernement obligé de démissionner au bout de six mois de pouvoir et d’inconstance, de coups de poker et de discours grotesques sur le mode héroïque. Que faire? convoquer en plein été des élections législatives, reformer un cabinet pour négocier un plan d’aide… Et pendant ce temps, l’Europe aura fait la preuve de son incapacité à décider, et pendant ce temps le bank run, la faillite, la banqueroute, et de nouvelles souffrances pour le petit peuple.

Si le non gagne…

Là, les choses se compliquent. Sans prendre parti, deux possibilités s’ouvrent. Soit les Européens sortent les Grecs de la zone euro, soit il les garde avec eux.

Pourquoi sortir les Grecs de la zone euro? Au nom de la lutte contre les passagers clandestins. On ne peut pas dire un jour: nous avons besoin de 35 milliards d’euros (c’est le chiffre probable) pour survivre dans les deux ans (soit le budget de l’armée en France), nous vous demandons de nous les donner, mais le lendemain nous refusons toute contrepartie parce que, démocratiquement, nous avons voté un texte qui engage nos partenaires à payer sans condition. C’est pourtant la folie grecque dans toute sa splendeur exprimée par Tsipras: les Européens sont des salauds, la zone euro nous opprime, mais nous ne voulons pas la quitter, nous avons besoin de son argent, et nous voulons rester maîtres des contreparties que nous accorderons en échange.

Grotesque! irréaliste!

Le bon sens, pour les Européens, est de dire non et de refuser ce marché où les Grecs veulent le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière.

Toutefois, il y la logique française: sortir les Grecs serait pire que les y laisser. Tergiversons, donc. Acceptons de voir les règles de la coopération bafouées. Acceptons de garder avec nous des Grecs qui ont piétiné la règle commune en négociant un accord pour mieux le dézinguer, en demandant de l’argent à des gens qu’ils méprisent et qu’ils conspuent, en jouant en permanence sur la menace de l’attentat kamikaze pour obtenir le maximum de bénéfices en lâchant le minimum de contreparties.

Si les Européens cèdent à cette petit mort de l’Europe, ils auront gagné six mois de répit. Mais, dans six mois, les Espagnols, les Italiens, les Français! joueront une magnifique répétition de l’exercice et la zone euro finira par exploser.

Dans tous les cas, quelle que soit l’issue donnée par le peuple grec, les fondements de la coopération européenne seront minés.

Que faire face à la Grèce?

L’euro vit sa belle mort, comme je le disais dès le mois d’octobre. C’était une monnaie impossible dans un projet politique hors sol. Le plus rationnel est que les Grecs refusent à majorité le plan de sauvetage des Européens, que leur liberté leur soit rendue et que nous commencions à détricoter intelligemment la zone euro.

Malheureusement, l’intelligence collective triomphe rarement, et le plus probable est que le conflit des volontés nationales continue sous le couvert hypocrite du système multilatéral appelé monnaie unique. Jusqu’à quand cette folie bipolaire consistant à dire « nous voulons de l’Europe » tout en ajoutant « mais nous ne voulons pas en payer le prix réel » pourra-t-elle sans durer sans déflagration dangereuse?

Dieu seul le sait…

http://www.eric-verhaeghe.f