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Les marchés financiers deviennent un peu plus nerveux chaque jour. (AFP Photo)

Le scénario d’un Grexit s’est nettement accru avec le non massif de dimanche. Tour d’horizon des économistes qui anticipent une sortie de la Grèce de la monnaie unique, et des autres. L’euro est en légère baisse. L’indice SMI perd 0,9% à l’ouverture
Avec le non et le refus des propositions de Bruxelles, la Grèce se rapproche de la porte de sortie de la zone euro. Les marchés financiers sont nerveux lundi. Mais il n’y a pas de désastre. Le Nikkei a perdu 2,5%, l’indice SMI 0,9% à l’ouverture et l’euro 0,3% à 1,0423 contre le franc. Le dollar est pratiquement inchangé à 0,9432 franc. Avant l’ouverture, Steen Jakobsen, économiste de Saxo Bank, prévoyait «un recul de 5% des actions allemandes. et probablement de 10% les prochaines semaines».
En bourse suisse, toutes les actions du SMI sont en baisse, mais les pertes sont limitées. Les plus fortes proviennent des bancaires et la plus modeste de Swisscom. L’indice Euro Stoxx recule de 1,5%.
Les rumeurs les plus folles circulent. Selon le Telegraph, le gouvernement étudierait la possibilité d’émettre «une liquidité parallèle». Certains évoquent l’éventualité d’une nationalisation des banques grecques et l’émission de billets de 20 euros (ce qui nécerssiterait l’accord de la Cour européenne).
Mais comme les négociations se poursuivent, facilitées par le départ de Yanis Varoufakis, le ministre des finances grec, la probabilité d’un maintien dans la zone reste importante. D’autant plus que les banques centrales veillent, surtout la BCE, et font tout leur possible pour éviter des turbulences sur les marchés. La BNS intervient-elle? «Elle marche sur des oeufs et doit se montrer aussi prudente que prévoyante», explique Thomas Stucki, ancien économiste à la BNS et aujourd’hui à la Banque Cantonale de Saint-Gall.
La drachme tout de suite
La sortie de la Grèce est même recommandée par certains économistes. Pour Hans-Werner Sinn, président de l’institut IFO, à Munich, «la Grèce devrait réintroduire la drachme», selon Reuters. Il explique que la Grèce est «un Etat insolvable. Il en va de même des banques locales qui lui sont fortement liées». L’économiste munichois estime que, dans ces circonstances, «la BCE ne devrait pas autoriser de nouveaux crédits d’urgence». En l’absence d’un nouveau programme budgétaire, la Grèce sera très vite paralysée, selon l’économiste allemand. La seule solution, à son avis, est alors «d’introduire rapidement une nouvelle monnaie». Hans-Werner Sinn estime que de nouvelles négociations prendraient beaucoup de temps, sans pour autant aboutir à un résultat concret. Le retour à la drachme permettrait au contraire de rétablir la solvabilité de l’Etat grec et des banques locales.
En cas de Grexit, Saxo Bank prévoit une hausse de l’euro. Mais à court terme, les fluctuations devraient être de faible ampleur.
La BCE ferme le robinet au plus tard le 20 juillet
Les économistes de Barclays anticipent également un «Grexit». François Hollande et Angela Merkel se rencontrent, mais il sera extrêmement difficile pour les leaders européens d’obtenir un plan de sauvetage qu’ils puissent «vendre» dans leur propre pays. D’autant que des élections sont proches, par exemple en Espagne. Ils ajoutent que «la BCE fermera le robinet des crédits d’urgence au plus tard le 20 juillet». Deux scénarios allant dans le sens du maintien dans la zone euro demeurent, mais ils sont dorénavant minoritaires, selon Barclays. Le premier serait la conclusion d’un accord entre les créanciers et Athènes. Le second interviendrait en cas de troubles sociaux majeurs en Grèce, lesquels conduiraient à des élections et à la mise sur pied d’un gouvernement plus favorable aux thèses de Bruxelles. Barclays recommande de vendre l’euro contre le dollar. Le risque de contagion est modéré. Les rendements des obligations souveraines italiennes et espagnoles devraient augmenter. L’écart avec les obligations allemandes devrait grimper de 150 points de base (1,5%) vendredi à près de 200 points de base ce lundi.
La probabilité d’un Grexit est maintenant montée à 50%, selon Laurent Bakhtiari, analyste auprès de IG Bank. Même si la sortie se concrétise, elle n’aura pas d’effet durable, selon l’économiste. La démission de Varoufakis permettra aux négociations de reprendre, mais elles seront très dures après le non massif. C’est «un vote de confiance pour le gouvernement Tsipras», ajoute-t-il.
Michael Heise, chef économiste d’Allianz, cité par cash, explique pour sa part que «si la Grèce n’apporte pas de nouvelle proposition concrète ni de programme budgétaire solide, alors elle se dirigera vers un Grexit».
La Fed apporte aussi son aide
Le scénario du Grexit n’est pas unanime: «Nous continuons de rester haussier sur les actions», indique Mark Haefele, chef stratégiste chez UBS. La BCE détient la clé du système bancaire grec, selon la grande banque. Elle devrait continuer à alimenter les banques grecques. Elle a également souligné sa volonté d’entreprendre tout ce qui était en son pouvoir pour permettre à la reprise économique de se poursuivre en Europe. La Fed devrait l’aider en renvoyant au-delà de septembre sa première hausse des taux directeurs. Celle-ci pourrait intervenir seulement en 2016. Mark Haefele souligne enfin l’importance relativement modeste de la Grèce en Europe (2% du PIB). Le stratège est également optimiste dans la capacité du gouvernement chinois à maîtriser le ralentissement de son économie. UBS prévoit donc une hausse des actions ces six prochains mois et une baisse de l’écart de taux entre les pays périphériques (Italie, Espagne) avec l’Allemagne.