Étiquettes

, , , , , ,

 Coralie Delaume
 
 Voilà que tout le monde parle (à nouveau !) de « capitulation » de Tsipras. Nos européouistes sont incorrigibles !
A ce stade, il semblerait plutôt raisonnable :

1)D’attendre

Il faut d’abord voir si l’Allemagne va accepter à son tour faire un geste substantiel eu sujet de la restructuration de la dette. Le rapport du FMI paru jeudi dernier et concluant à l’insoutenabilité de la dette grecque plaide très fort dans ce sens. Les « Européens » ont essayé de faire en sorte que ce rapport ne paraisse pas mais… il est paru. Dès lors, il était évident qu’il pèserait dans la négociation.
Pour autant :
1/ si les concessions allemandes sont trop peu généreuses, il sera compliqué pour Tsipras de faire voter le plan par sa majorité actuelle. Il n’est pas du tout certain que les députés de la Plateforme de gauche acceptent de voter un programme d’austérité sans contrepartie,
 2/ si les concessions allemandes sont trop généreuses, il sera compliqué pour Merkel de le faire voter par le Bundestag.
Ça va donc encore bouger, même au delà de la semaine prochaine. Ainsi donc, si la zone euro ne se dissout pas cette fois-ci, elle aura été passablement bousculée. L’étau se desserre lentement mais sûrement : patience.

2/ De ne pas juger Tsipras trop durement

Il a tenu tête comme un chef, alors qu’il était très seul, à la tête d’un petit pays dont l’économie est ruinée. Aussi seul que ça, on ne peut pas tout. Sans compter que :
2/ Il a aussi remporté quelques belles victoires politiques en interne. Antonis Samaras (qui lui gouvernait pour de vrai avec l’extrême-droite) a dû quitter la tête de Nouvelle Démocratie. C’est pas si mal.
3/ Enfin, il ne faut pas oublier dans quel état la BCE a mis les banques grecques, d’abord (avant le référendum) en choisissant de ne pas augmenter le plafond de l’ELA, dans un second temps en décidant de pratiquer une « décote sur les collatéraux », comme on dit. Bref : la mission d’une banque centrale, en principe, c’est de s’assurer que le système bancaire fonctionne de manière fluide, pas de le mettre volontairement en faillite. Draghi n’a pas agi comme un banquier central. Il a fait de la politique, une fois de plus et comme le dit parfaitement Philippe Legrain. Ce n’est pas son rôle. Mais voilà à quoi on arrive lorsqu’on met en place une banque centrale fédérale sans Etat fédéral : elle est en roue libre.

3/ Quoiqu’il se produise dimanche, accepter de regarder l’avenir avec optimisme

La Grèce, c’est 2% du PIB de l’eurozone. Mais derrière vient l’Espagne, qui a son Podemos, qui a ses élections générales en novembre, et qui est la quatrième économie de la zone. Avec l’Espagne, si Podemos arrive au pouvoir, les Bruxellois auront fort à faire. Or pour que les Espagnols votent pour Podemos, encore faut-il qu’ils n’assistent pas à un Grexit sauvage suivi d’une tempête sur l’économie grecque : ça décourage ! Là, ce qu’ils ont vu, c’est qu’un petit pays peut résister très fort. Alors un pays de la taille du leur, vous pensez….
En conclusion : c’est loin d’être fini. L’Histoire avance à petits pas mais elle avance, pour la première fois depuis longtemps. Là, elle a fait un grand bon grâce aux Grecs courageux : chapeau à ce peuple étonnant.
En revanche, il faut sans doute réfléchir à l’incompatibilité suivante : Tsipras avait promis d’en finir avec l’austérité, de rétablir la démocratie et de demeurer dans l’euro. On voit maintenant assez clairement que c’est la quadrature du cercle.
Or comme on ne peut ni accepter l’austérité pour toujours, ni en finir avec la démocratie… on voit ce qu’il nous reste à faire. Au boulot !