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Siavosh Ghazi – Agence France-Presse à Vienne
Le secrétaire d’État américain, John Kerry
Photo: John Klamar Agence France-Presse Le secrétaire d’État américain, John Kerry

Les États-Unis, comme Téhéran, ne veulent pas se précipiter pour un accord sur le nucléaire iranien et les négociations internationales vont se poursuivre encore, le secrétaire d’État américain, John Kerry, prévenant toutefois jeudi qu’il ne resterait pas indéfiniment à la table des négociations.

« Vu que les travaux sont extrêmement techniques et les enjeux très, très élevés, on ne se précipitera pas et on ne se laissera pas précipiter vers un accord », a déclaré M. Kerry à la presse internationale massée devant le palaisCoburg à Vienne, où se déroulent les négociations.Presque au même moment, son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, twittait : « Nous travaillons dur, mais sans précipitation. On ne change pas de cheval au milieu du gué. »

M. Kerry avait tenu à préciser dans son allocution que les États-Unis ne resteraient pas « à la table de négociations pour toujours. Si les décisions difficiles ne sont pas prises, nous sommes tout à fait préparés à mettre fin au processus », a-t-il ajouté, mettant la pression dans cette phase finale des négociations.Sorti quelques minutes avant M. Kerry pour parler à la presse, le Français Laurent Fabius avait lui annoncé que les discussions allaient se poursuivre dans la nuit. « Les choses vont tout de même dans le bon sens. J’espère que nous allons parcourir les mètres qui restent », a-t-il déclaré.

ÉchéancesSi le texte d’un accord n’est pas soumis au Congrès américain vendredi, cela retardera d’au moins deux mois, vacances parlementaires obligent, sa mise en application. En outre, vendredi à minuit, le cadre légal des négociations offert par l’accord-cadre conclu en novembre 2013 entre les grandes puissances et l’Iran, expire. Les mesures prévues par cet accord-cadre, qui instaure un gel de certaines activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée partielle de sanctions, ont déjà été renouvelées pour une semaine, puis pour trois jours depuis le début de la négociation de Vienne, le 27 juin dernier.

Toutefois, « nous ne devrions pas nous lever et partir parce que l’horloge sonne minuit », a souligné M. Kerry, laissant entendre que les négociations n’étaient soumises à aucune échéance précise.Treize jours après la reprise formelle à Vienne des négociations entre les grandes puissances et l’Iran, l’accord se dérobe toujours en dépit des progrès accomplis, que toutes les délégations s’accordent à reconnaître.

La communauté internationale veut placer le programme nucléaire iranien sous étroit contrôle, afin de s’assurer que Téhéran ne cherche pas à se doter de la bombe atomique, en échange d’une levée de sanctions imposées depuis une décennie.Les négociateurs ont un texte sur la table, comprenant une centaine de pages dont cinq annexes techniques. Mais les choix les plus difficiles restent à faire.

Le poids de MoscouLes discussions vont donc se poursuivre dans la nuit de jeudi à vendredi entre les chefs de la diplomatie. Seuls manquent à l’appel le Russe Sergueï Lavrov et le Chinois Wang Yi, tous deux présents à Oufa, en Russie, pour le sommet des pays émergents de la zone BRICS.

Sommet auquel participe également le président iranien, Hassan Rouhani, qui, lors d’une conférence de presse avec Vladimir Poutine, a remercié Moscou « pour ses efforts pour faire avancer la négociation ». Moscou a notamment apporté un soutien de poids aux demandes iraniennes en souhaitant la levée dès que possible de l’embargo sur les ventes d’armes à l’Iran, un des points de crispation de la négociation.Téhéran réclame en effet la levée des restrictions sur les armes et sur son programme balistique. Il s’agit d’une des mesures figurant parmi la série de sanctions adoptées depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l’ONU, mais l’Iran argue que cet embargo n’a rien à voir avec le dossier nucléaire. Les Occidentaux, tout en convenant que chaque pays a droit à avoir un programme militaire conventionnel, jugent toutefois qu’une levée de l’embargo sur les armes maintenant ne pourrait pas passer politiquement, en raison du contexte régional.

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