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Les négociations marathoniennes (un hommage posthume et ironique à la Grèce) qui se tiennent à Bruxelles sur le sort de la Grèce sont désormais dominées par la théorie (prussienne) du Grexit temporaire.
Voici quelques clés pour comprendre…
Que se passe-t-il à Bruxelles?
La journée de dimanche doit se terminer par un conseil européen, c’est-à-dire une réunion de tous les chefs d’Etat européens, pour statuer sur la décision finale à prendre concernant la Grèce. Cette procédure est normale, puisque les affaires économiques relèvent de la souveraineté des Etats, même si la Commission joue un rôle partiel sur le contrôle des engagements de Maastricht.
Avant ce sommet regroupant tous les Etats membres, un sommet limité aux chefs d’Etat de la zone euro est supposé valider préalablement les mesures qui seront présentées en fin de journée.
Pour pouvoir examiner des mesures, il faut d’abord qu’un plan soit décidé par l’Eurogroupe, qui rassemble les ministres des Finances de la zone euro. Cet Eurogroupe, espace sensible s’il en est, est présidé par le Hollandais Jeroen Dijsselbloem, dont la réélection est en préparation. Cette circonstance explique en partie son excès de zèle vis-à-vis de l’Allemagne.
Quel est l’enjeu des discussions à Bruxelles?
Les Européens examinent la question d’un plan d’aide à la Grèce, au vu des propositions de réformes présentées par les Grecs. Ils ont collectivement un problème d’additions qui les empêche d’aboutir.
Le gouvernement grec demande une aide de 53 milliards. Pour les Européens, cette somme n’est pas suffisante. Ils ont calculé qu’il en fallait au moins 30 de plus. Concrètement, à l’aide directe à la Grèce en « vitesse de croisière », qui est estimé à 50 milliards environ, il faut ajouter un plan de recapitalisation de 25 milliards pour les banques, et une aide relais de 8 milliards pour récupérer le vide instauré par Tsipras depuis janvier.
Le plan grec présenté en fin de semaine dernière ne suffit pas à couvrir ces besoins, et beaucoup d’Européens pressentent que les années à venir ne seront qu’une nouvelle répétition des mois de déchirement qui viennent de s’écouler.
La théorie du Grexit temporaire
L’Allemagne a donc structuré une ligne dite du Grexit temporaire, qui prévoirait une sortie de la zone euro pour une durée de 5 ans. Cette « pause » permettrait à la Grèce de faire ses réformes à son rythme, sans impacter la zone euro, et sans subir le traumatisme de négociations régulières avec ses partenaires.
Cette solution de bon sens aurait dû être pratiquée de longue date, et il est incompréhensible que les Grecs ne la souhaitent pas.