par Julien Ponthus et Robert-Jan Bartunek
BRUXELLES (Reuters) – Les partenaires européens de la Grèce ont demandé dimanche au gouvernement grec d’améliorer ses propositions de réformes et de prouver sa bonne foi en adoptant vite de premières mesures, lors de la reprise des négociations sur un troisième plan d’aide.
Les ministres des Finances de la zone euro, réunis à Bruxelles depuis samedi, ont recommencé leurs tractations dimanche dans l’espoir de transmettre un projet d’accord aux dirigeants des pays de la monnaie unique qui se rencontreront dans la capitale belge à partir de 16h00.
L’incertitude reste totale, de nombreux pays estimant que le gouvernement du Premier ministre grec, Alexis Tsipras, ne dispose pas de la crédibilité nécessaire pour enclencher le processus formel d’un nouveau plan de sauvetage, même si le Parlement grec a approuvé samedi un programme de réforme proche de celui proposé par les créanciers et rejeté par référendum en Grèce.
« Le principal obstacle pour aller de l’avant est le manque de confiance », a déclaré à son arrivée à l’Eurogroupe le ministre italien des Finances, Pier Carlo Padoan.
Même au sein de la Commission européenne, des avis divergents s’expriment, entre optimisme et pessimisme.
« Je pense qu’il est complètement improbable que la Commission européenne obtienne un mandat pour commencer formellement les négociations », a déclaré dimanche matin le vice-président de l’exécutif européen, Valdis Dombrovskis.
Son collègue chargé des Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, a en revanche estimé qu’il y avait « un chemin » et qu’il fallait « être à la hauteur du moment ».
PLUS DE RÉFORMES DEMANDÉES
Signe du blocage des discussions, le sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne a été annulé.
Cette décision a pour but de dégager l’agenda des 19 dirigeants de la monnaie unique afin de négocier « jusqu’à ce qu’une décision soit prise », a annoncé le président du Conseil européen, Donald Tusk, sur son compte Twitter.
Les dernières propositions du gouvernement grec sont pour l’heure loin d’être suffisantes, estiment des pays comme l’Allemagne ou la Finlande, alors que la France ainsi que les experts des « institutions » – Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international – leur ont donné un premier avis favorable vendredi.
Mais même ceux qui refusent la perspective d’un « Grexit » reconnaissent qu’il faudra aller plus loin.
Afin d’apaiser les craintes du groupe dit « des faucons », les grands argentiers de la zone euro ont travaillé à la rédaction d’un communiqué détaillant de nouvelles mesures, notamment de libéralisation de l’économie, qui s’ajouteraient au plan de réformes présenté par le gouvernement d’Alexis Tsipras.
« J’aimerais voir le gouvernement grec adopter des actions concrètes dès demain (lundi-NDLR) pour mettre en oeuvre les mesures qui sont nécessaires, d’abord pour la Grèce et ensuite pour reconstruire la confiance afin que les négociations puissent aller de l’avant », a dit Pier Carlo Padoan.
UNE SEMAINE DE PLUS ?
Une partie des dirigeants européens redoutent qu’après l’obtention des fonds, le gouvernement grec n’interrompe la mise en oeuvre des privatisations et des réformes promises à ses créanciers, comme celle des retraites ou de la fiscalité.
« Nous avons besoin d’engagements clairs, de conditions claires et de preuves claires que ces conditions seront vraiment mises en oeuvre », a fait valoir le ministre finlandais des Finances, Alexander Stubb.
Dans ces conditions, les dirigeants de la zone euro pourraient reporter encore d’une semaine leur prise de décision sur un nouveau plan d’aide, laissant la Grèce, au bord de l’effondrement économique et financier, dans l’expectative.
« Il ne faut pas que les faits décident pour nous », dit une source proche des pays enclins à accorder un nouveau plan d’aide à Athènes, plus que jamais menacée par un « Grexit ».
De nombreuses questions restent par ailleurs en suspens, comme le montant de l’aide dont la Grèce aura besoin pour faire la jonction entre ses besoins financiers immédiats et l’adoption du nouveau plan, qui prendra au moins quelques semaines.
La question du rééchelonnement d’une partie de la dette grecque, qui représente 175% de son PIB, est aussi posée.
L’aménagement de la dette grecque suscite de fortes réticences dans certains pays comme l’Allemagne mais constitue le principal argument d’Alexis Tsipras pour faire accepter par ses compatriotes les nouvelles mesures d’austérité.
(Avec Renee Maltezou et Philip Blenkinsop, édité par Yves Clarisse)