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L’essentiel

  • Accord trouvé Après une nuit de tractations, les dix-neuf dirigeants de la zone euro se sont mis d’accord pour négocier un troisième programme d’aide à la Grèce.
  • Contreparties En contrepartie de ce soutien financier, la Grèce doit s’engager à mener des « réformes sérieuses », a annoncé le président du Conseil européen, Donald Tusk.
  • Zone euro Cet accord permet à la Grèce de rester dans la zone euro, « c’était l’objectif », selon François Hollande.
Alexis Tsipras le 12 juillet.

ll aura fallu un long week-end et une interminable nuit de négociations pour que la zone euro trouve finalement, lundi 13 juillet à 9 heures, un accord pour venir en aide à la Grèce. Athènes pourra bien faire appel à un troisième plan d’aide financier européen en contrepartie d’importantes réformes, d’un montant de plus de 80 milliards d’euros.

C’est Donald Tusk, président du Conseil européen, qui a annoncé la fin des pourparlers peu avant 9 heures :

« Le sommet de la zone euro a trouvé un accord à l’unanimité. Sommes tous prêts pour un programme d’aide pour la Grèce via le mécanisme européen de stabilité (MES), avec des réformes sérieuses et un soutien financier ».

« Le Grexit a disparu », a enchaîné Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, écartant définitivement tout scénario d’une sortie de la Grèce de la zone euro, qui avait semblé être sérieusement posé à la table des négociations durant le week-end. L’Allemagne avait notamment proposé l’idée d’une sortie temporaire, pour cinq ans, du pays sans le contraindre à quitter la zone euro, schéma non prévu par les traités européens.

Un fonds va gérer les actifs grecs

Les négociations ont duré toute la nuit entre les chefs d’Etat, sur une liste de propositions ébauchées par l’Eurogroupe quelques heures plus tôt. C’est cette liste qui était au cœur des tractations jusqu’à tôt lundi matin.

Au final, l’accord inclut :

  • Une liste de mesures drastiques, dont au moins trois ou quatre doivent être approuvées d’ici à mercredi 15 juillet par le Parlement grec. Leur détail n’est pas exactement connu à l’heure actuelle, mais elle pourrait comprendre une réforme de la TVA et l’ébauche d’une réforme des retraites. La dureté des exigences européennes heurtait jusqu’aux fonctionnaires européens lundi matin. Un « catalogue des horreurs », estimait pour sa part le magazine allemand Der Spiegel.

La création d’un fonds chargé de privatiser les actifs grecs à hauteur de 50 milliards d’euros. Dans le brouillon de compromis, il devait être localisé au Luxembourg. Une condition inacceptable pour Alexis Tsipras qui est parvenu à le faire déménager en Grèce. Vingt-cinq milliards d’euros serviront à restructurer les banques et les 25 autres iront au service de la dette et aux investissements.

  • Sur la question de la dette, François Hollande a évoqué la perspective d’un « reprofilage » de celle-ci, portant sur ses échéances et ses intérêts. De son côté, Angela Merkel a affirmé que l’Eurogroupe était prêt, si nécessaire, à accorder un « délai de grâce » (délai de paiement) et des échéances plus longues.

Lire aussi : Pourquoi la dette grecque n’est pas soutenable

Autre point d’achoppement : le recours, ou pas, à une nouvelle aide du Fonds monétaire international. Là aussi pour Alexis Tsipras, il en était hors de question, d’autant que l’institution dirigée par Christine Lagarde refusait jusque-là de remettre la main à la poche en raison du précédent défaut de paiement grec à son égard. Finalement, selon Angela Merkel, « la Grèce demandera une nouvelle aide au FMI lorsque le programme en cours aura expiré, en mars 2016 ».

Un accord qui doit encore être approuvé par les Parlements

Cette base d’accord doit encore être avalisée par un certain nombre de Parlements européens, dont le Parlement français, lequel votera dès mercredi.

Au total, la procédure pourrait prendre deux ou trois semaines au cours desquelles la Grèce se trouvera toujours à court de liquidité alors même que s’approche la perspective d’un nouveau défaut de paiement grec, cette fois à l’égard de la BCE, à qui Athènes doit 3,5 milliards d’euros à l’échéance du 20 juillet.

D’ici là, Athènes pourrait bénéficier d’un financement d’urgence qu’un nouvel Eurogroupe prévu lundi après-midi pourrait acter. La BCE, qui devait aussi se réunir dans la journée et qui attendait ce signal depuis des semaines, pourrait également relever le plafond des liquidités d’urgence et redonner de l’air aux banques grecques, au bord de l’asphyxie.

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