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Pour une fois qu’on peut qualifier d’« historique » l’accord « iranien » du 14 juillet dernier conclu avec les autres puissances mondiales, dont la France, nous aurions été en droit d’attendre d’icelle d’être à la hauteur des enjeux. C’était sûrement trop exiger de ceux qui font profession de nous informer tout en faisant semblant de nous gouverner.
Ainsi, sur France 2, avant hier, Étienne Leenhardt, expert en géopolitique du service public et payé par les sous du contribuable : « L’Iran est tout simplement incontournable dans cette région du monde. » Sans blague ? La suite : « Malgré les sanctions, le pays est aussi engagé en Irak où il lutte contre l’un de nos ennemis, le groupe État islamique. Engagé aussi avec l’un de nos ennemis, le président Bachar el-Assad. C’est d’ailleurs ce qui inquiète les autres pays de la région, l’Arabie saoudite et Israël… »
Là, ce n’est plus de la bouillie de pissenlits, mais du flocon d’avoine servi tiède et gras. Car, au-delà de ces clichés de comptoir, voilà que le téléspectateur ébahi apprend en direct que si Daech est notre « ennemi », le régime syrien qui le combat aussi serait également « notre » ennemi, alors qu’il n’y a pas si longtemps, le président syrien, comme son défunt homologue libyen, étaient reçus avec les honneurs dus à leur rang à de précédents défilés du 14 Juillet.
Mais si Bachar el-Assad est notre ennemi et si Daech l’est aussi, qui est l’ennemi de qui et qui est l’ami de quoi ? Et, surtout, pourquoi tenir le régime syrien comme « ennemi », alors qu’il lutte contre Daech, autre « ennemi » encore plus irréductible, à en croire les gazettes. Pauvre Étienne Leenhardt. Et dire que c’est lui qui est la voix de la France télévisuelle… Sur Trou-Perdu-les-Oies.FM, les dégâts collatéraux seraient limités ; mais sur le service public, un peu de tenue… jeune homme !
Dans la foulée, la fulgurante sortie de François Hollande dont on ne sait si elle relève des grandes chaleurs estivales, de l’après-coït triste d’avec Angela Merkel, de l’inculture ambiante, de sa nullité crasse, de la délicate digestion des traditionnels plats grecs ou tout bonnement de sa rouerie post-mitterrandienne : « Si l’Iran a la bombe, l’Arabie saoudite et Israël voudront la bombe… »
Tiens donc : il est un fait de notoriété publique que Riyad ne détient pas l’arme nucléaire. Mais Israël… Même si ce secret n’est que de polichinelle, on sait que Tel Aviv détient plusieurs centaines de missiles à têtes nucléaires. Officiellement, non, bien sûr. Toutes les chancelleries font comme si, mais n’en pensent pas moins. Ce demi-secret plus ou moins bien gardé, voilà que François Hollande le fait voler en éclats.
À Washington, ils s’en foutent. À Téhéran, ils doivent s’en mordre la barbe. À Tel Aviv viendra tôt le temps où certains rabbins exaltés, las de mastiquer leurs kippas, planteront des aiguilles à tricoter dans l’effigie de cire du gugusse à Julie Gayet.
Une belle victoire française, dira-t-on.