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Yves Bourdillon 
  • L'accord Téhéran grandes puissances (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie, Allemagne) nature changer donne Proche-Orient déjà considérablement déstabilisé.

    L’accord entre Téhéran et les six grandes puissances (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie, Allemagne) est de nature à changer la donne dans un Proche-Orient déjà considérablement déstabilisé. – Photo Pool/Carlos Barria/AFP

Les voisins de l’Iran sont inquiets de voir ce pays, réhabilité, affirmer ses ambitions régionales.

L’accord sur le nucléaire iranien n’est pas tout à fait un séisme géostratégique, puisqu’on ne saura que dans quelques mois s’il est appliqué sincèrement et permet une levée des sanctions internationales.

Cet accord, toutefois, entre Téhéran et les six grandes puissances (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie, Allemagne) est de nature à changer la donne dans un Proche-Orient déjà considérablement déstabilisé par les suites du printemps arabe, notamment l’émergence de l’Etat islamique (EI) en Syrie et en Irak. L’Iran, allié aux seuls régimes syrien et, dans une moindre mesure, russe, devrait récupérer de considérables marges de manœuvre diplomatiques, mais aussi financières.

L’économie iranienne, grande gagnante de l’accord

Deuxième économie du Proche-Orient, ce pays devrait attirer des investissements qui ne sont actuellement équivalents, selon une étude de Natixis, qu’à 10 % de son PNB. Téhéran devrait, en outre, récupérer rapidement de 100 à 140 milliards de dollars gelés sur des comptes à l’étranger et avoir la possibilité d’exporter son or noir à pleine capacité, sous réserve d’une rénovation de ses équipements.

De quoi faire reculer encore un peu les cours du pétrole à l’horizon 2016, au détriment des revenus de la Russie et des monarchies pétrolières. Téhéran pourrait augmenter ses exportations de 700.000 barils par jour à 2,1 millions d’ici à fin 2016, d’après l’Agence internationale de l’énergie et, sauf accident, retrouver une croissance de 5 % à 8 % par an. Ce pactole lui donnerait les moyens de réaffirmer ses ambitions régionales. Il peut le faire de façon pacifique en reprenant par exemple son projet de gazoduc avec le Pakistan. Il peut également réaffirmer son soutien militaire et financier au Hezbollah libanais, au président syrien, Bachar Al Assad, à des milices en Irak, ainsi qu’aux rebelles houthis au Yémen.

Réaffirmation de la puissance perse

Cette réaffirmation de la puissance perse et chiite inquiète les monarchies pétrolières du Golfe, arabes et sunnites depuis des années, comme l’illustre cet appel en 2008 du roi d’Arabie saoudite aux Etats-Unis à « couper la tête du serpent », en clair attaquer l’Iran, selon WikiLeaks. Riyad a, certes, eu une réaction prudente après la signature de l’accord en n’excluant pas mardi « de meilleures relations » avec le régime des mollahs si ce dernier « améliore les conditions de son peuple au lieu de provoquer des troubles » et « de soutenir le terrorisme ».

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