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Barack Obama a vigoureusement défendu mercredi l’accord sur le nucléaire iranien, mettant au défi ceux qui s’y opposent — en Israël et au Congrès américain — de proposer une solution pour empêcher la République islamique de fabriquer une bombe atomique.
« Il n’y a en réalité que deux options : soit la voie diplomatique, soit la force, c’est-à-dire la guerre », a lancé le président américain. Accusé par ses détracteurs d’avoir voulu conclure un accord à tout prix à 18 mois de son départ de la Maison-Blanche, M. Obama a longuement justifié son approche, parfois de façon un peu confuse.Presque unanimement salué par la presse iranienne, qui s’est réjouie de la « révolution diplomatique du 14 juillet 2015 », l’accord a été fêté dans les rues de Téhéran où Mohammad Javad Zarif, chef de la diplomatie iranienne, a été célébré en héros.
L’accord doit rendre quasiment impossible pour l’Iran de fabriquer une bombe atomique, tout en lui assurant le droit de développer une filière nucléaire civile. En échange, la République islamique bénéficiera d’une progressive levée des sanctions adoptées depuis 2006 par les États-Unis, l’Union européenne et l’ONU, et qui brident son économie.Rassurant
Soucieux de rassurer ses alliés dans la région — Israël, mais aussi les monarchies sunnites du Golfe — qui s’inquiètent de la montée en puissance de leur puissant voisin chiite, M. Obama a promis la vigilance, soulignant que l’accord n’effaçait pas les profondes divergencesexistant entre Washington et Téhéran.« L’Iran continue de représenter un défi pour nos intérêts et nos valeurs », a-t-il martelé, évoquant « le soutien iranien au terrorisme » ou encore le financement d’organisations comme le Hezbollah.
Le président américain a aussi souligné que l’Iran avait un rôle important à jouer dans la zone, jugeant qu’il n’y aurait pas d’issue au conflit sans une réelle implication de la Russie, de la Turquie, des monarchies du Golfe et de l’Iran.Soulignant qu’il ne tablait pas, à court terme, sur un rétablissement des relations diplomatiques avec Téhéran, rompues il y a 35 ans dans la foulée de la Révolution islamique, M. Obama a cependant insisté aussi sur la réelle influence de ce pays en Irak, où une coalition internationale mène des raids aériens contre le groupe État islamique.
De la visiteL’accord conclu à Vienne devrait permettre à la République islamique de sortir rapidement de son isolement diplomatique. Téhéran s’attend à recevoir dans les mois à venir de nombreux responsables politiques et hommes d’affaires attirés par les richesses en gaz et en pétrole de ce pays de 78 millions d’habitants après cet accord salué par une grande partie de la communauté internationale.
L’Allemagne n’a pas perdu de temps et d’ores et déjà annoncé que son ministre de l’Économie,Sigmar Gabriel, se rendrait en Iran dimanche avec une délégation d’hommes d’affaires et de scientifiques. Londres a annoncé vouloir rouvrir son ambassade à Téhéran avant la fin de l’année. Et le ministre français des Affaires étrangères, LaurentFabius, a évoqué une prochaine visite en Iran.Mais en Israël, ennemi juré de l’Iran qui ne reconnaît pas son existence, le premier ministre Benjamin Nétanyahou a dénoncé une erreur historique pour le monde. Dénonçant les dangers d’un accord conclu « avec un régime dictatorial », il est déterminé à mener la bataille sur le front du Congrès américain, où il espère mobiliser suffisamment d’élus pour bloquer la levée des sanctions économiques américaines contre l’Iran.
Ses chances d’y parvenir sont cependant faibles. Il va surtout, selon des commentateurs israéliens, essayer d’obtenir des compensations militaires américaines.Les adversaires républicains du président sont vent debout contre l’accord de Vienne : le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a promis de « tout faire pour l’arrêter ». La marge de manoeuvre du Congrès est cependant limitée : il n’est pas appelé à approuver l’accord et peut seulement tenter de le bloquer.
Assurant que « 99 % de la communauté internationale et la majorité des experts du nucléaire » estimaient que cet accord empêcherait l’Iran d’avoir la bombe nucléaire, le président américain a ironisé sur le manque de propositions de ses détracteurs.