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Jean-Philippe Lacour
  • A Francfort, lobbying financier débuts capitale supervision

    A Francfort, le lobbying financier fait ses débuts dans la capitale de la supervision

Plusieurs organisations professionnelles y ont ouvert un bureau.
Un mouvement encore restreint, loin de la ruche bruxelloise.

A Francfort, au quatrième étage d’un immeuble de bureaux au 12 de la Weissfrauenstrasse, le locataire a collé sur la porte d’entrée une simple étiquette de papier où figure le logo « EBF ». A l’intérieur des lieux, des pièces en enfilade où sont disposées quelques tables et chaises. Bienvenue au bureau francfortois de l’ « European Banking Association », la Fédération bancaire européenne. Son local dans la métropole financière a été inauguré, si l’on peut dire, le 1er juillet dernier. Pour l’heure, le lieu ressemble davantage à une société servant de boîte à lettres qu’à une ruche de lobbyistes dans la tradition bruxelloise. La présence ici de la voix des banques européennes a toutefois valeur de signal.

Peu à peu, d’autres acteurs de la sphère financière, à l’instar de la Fédération bancaire française (FBF), élisent domicile ou se renforcent dans la ville au bord du Main, où les chemins ne sont jamais longs pour trouver le contact avec les superviseurs en place. A la différence de Bruxelles, capitale du lobbying par excellence, on ne trouve pas de registre des lobbyistes à Francfort. Cela n’est du reste pas envisagé, car on se trouve ici dans le domaine de la surveillance, et non de l’édification de lois ou directives.

« Une présence proche du processus de décision »

Hubertus Väth, directeur de l’agence de marketing Newmark, chargé de promouvoir Francfort comme place financière en Europe, donne sa version du travail de lobbyiste dans cette ville : « Le rôle de la BCE comme organe produisant ses propres standards de supervision est à souligner. Cela justifie que l’on ait une présence proche du processus de décision pour être mis au courant rapidement et pouvoir y réagir », explique-t-il.

Au sein de la métropole européenne de la régulation financière, on trouve de fait le régulateur unique des banques MSU, sa « grande soeur » la BCE, qui abrite le comité européen des risques ESRB mais aussi le régulateur des assurances EIOPA. En ajoutant les régulateurs allemands déjà présents de longue date (Bafin, Bundesbank et le fonds public de soutien financier Soffin), plus de 2.500 personnes oeuvrent dans le dos des banques allemandes et européennes, dont un bon millier pour le seul MSU. Cette nouvelle géographie de la supervision européenne attire une première vague d’acteurs près de son épicentre.

La FBE a choisi ses bureaux francfortois à un jet de pierre de la future tour du MSU, en fait les locaux de l’ancienne BCE en cours de réaménagement. La FBE a déjà quatre colocataires : les fédérations bancaires nationales venant de France, d’Irlande, d’Italie et d’Allemagne. A Berlin, le BDB explique qu’il n’a pas l’intention de doter le bureau francfortois de personnel fixe, mais d’utiliser les locaux pour y organiser les contacts. Des banques ont par ailleurs choisi d’ouvrir un bureau de représentation, l’italienne Intesa San Paolo et l’espagnole BBVA pour les citer. Cela ne semble pas toutefois la priorité parmi les 123 grandes banques placées sous la coupe du MSU, dont près d’une trentaine a déjà une succursale installée de longue date à Francfort et ailleurs en Allemagne. En effet, le MSU envoie fréquemment ses équipes en inspection aux sièges des banques dans les villes européennes. C’est pourquoi on ne voit pas pour le moment la nécessité de mettre sur pied un bureau francfortois, affirme-t-on à la Société Générale à Paris. BNP Paribas n’a rien entrepris non plus depuis la nomination il y a deux ans d’une responsable des affaires publiques en Allemagne.

Il apparaît que les échanges entre institutions européennes et établissements financiers à Francfort vont bénéficier de l’apport de « think tanks » locaux (le « Safe » et le « Firm », dans le giron de l’université Goethe). Eux aussi souhaitent faire entendre leur voix dans les débats sur la supervision.

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