La facture sociale continue d’augmenter année après année.
A la fin du mois de juin dernier, le journal Le Temps publiait les résultats d’une intéressante analyse réalisée à Genève par le Service de l’action sociale et comparant le revenu maximal que peut offrir l’aide sociale aux salaires les plus bas du secteur privé genevois. Cette analyse comparative révèle, chiffres à l’appui, une situation aussi inquiétante qu’incompréhensible. En effet, il est désormais factuellement prouvé que bénéficier de l’aide sociale peut s’avérer dans certaines situations (bien) plus favorable que l’exercice d’une activité professionnelle modestement rémunérée, ce qui est un comble. Ainsi, il est démontré que dans le canton de Genève, les familles monoparentales et les familles, avec ou sans enfant, avec un seul revenu ont tout intérêt à être à l’aide sociale si elles gagnent moins de 4695 francs par mois. Suivant les situations, et d’une extrême à l’autre, être à l’aide sociale permet ainsi d’augmenter le revenu global disponible de 0,13% à 30,84%! A l’inverse, lorsque les deux conjoints travaillent à plein temps, le revenu du travail est notablement supérieur à celui auquel ils pourraient prétendre en étant inscrits auprès des services sociaux. En outre, on remarquera que la facture sociale, qui est à la charge du contribuable, continue d’augmenter année après année. Dès lors, bien qu’il soit important d’avoir un système social qui offre à une personne ou à une famille qui traverse une mauvaise passe de quoi subsister pour ne pas se retrouver à la rue, il faut veiller à ce qu’un tel système reste cohérent. Or une aide sociale trop «confortable» tend à maintenir les bénéficiaires dans la situation dans laquelle ils se trouvent, car plus ils restent sans activité professionnelle, moins ils auront de chances de retrouver un emploi. Par ailleurs, le fait de ne pas avoir l’espoir d’améliorer sa situation financière en travaillant n’aide logiquement pas les assistés à vouloir s’en sortir. Ainsi, on se retrouve dans une situation paradoxale où l’aide sociale devient un frein à l’emploi. Partant, une réforme finement menée et intelligente semble être nécessaire. Au final, et dans tous les cas, il faudra aboutir à un résultat dans lequel l’aide sociale n’offre pas un meilleur revenu que celui issu d’un travail à plein temps. Pour ce faire, les effets de seuil doivent, autant que faire se peut, être éliminés: il n’est pas souhaitable qu’un salaire plus important diminue le revenu globalement disponible (notamment du fait que le salarié doive payer plus d’impôts ou qu’il perde le droit à une prestation car il dépasse le montant permettant de la percevoir). On rappellera aussi qu’en Suisse, où le partenariat social reste vivant et stimulant, c’est aux partenaires sociaux qu’il appartient de veiller à améliorer les conditions salariales des secteurs d’activité offrant les salaires les plus bas.
Centre patronal Paudex