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L’effondrement de la bulle spéculative Chinoise fait la une de l’actualité et pousse tous les commentateurs à se prononcer sur les soubresauts de l’économie de l’Empire du Milieu. De quoi y déceler les charlatans qui racontent n’importe quoi, comme Emmanuel Macron ou Alain Minc.

Des classes moyennes et des krachs

Le ministre de l’économie (sic) a cru bon soutenir que les principales victimes du krach sont « les Chinois de la classe moyenne, ceux qui, pas forcément les mieux informés, ont investi au plus haut et en s’endettant ». Quel concentré de bêtise en une phrase ! Passons sur le mépris de celui pour qui les classes moyennes sont forcément moins bien informées que les classes dirigeantes… Ensuite, il est tout de même assez peu probable que les classes moyennes d’un pays émergent s’endettent pour boursicoter. The Economist avait relativisé l’importance de la bourse pour les ménages en soulignant que seulement 6% de la population y joue et qu’elle ne pèse que 15% des actifs des ménages. Dans la réalité, l’immense majorité des Chinois qui placent en bourse font sans doute partie des 10% les plus aisés.

Puis, comme l’a noté Paul Conge dans Marianne, Alain Minc a osé nous gratifier d’un commentaire digne d’un premier avril : « Les crises boursières, on en sort toujours plutôt en bon état » ! On imagine que cette phrase serait juste s’il disait, « je » au lieu de « on », mais il est tout de même stupéfiant qu’il ose dire cela après l’épisode de 2008, où il avait extraordinairement sous-estimé la situation. Il est tout aussi effarant qu’il dise que « cela n’a rien à voir avec 2008 », alors que la bulle spéculative, avec l’envolée de l’endettement privé ou le développement de la finance de l’ombre ressemble fort aux moteurs du krach de 2008. Mais il faut reconnaître que l’on peut relativiser l’importance ou les conséquences de ce krach. En revanche, le passé impose d’être prudent et relativise tout pronostic définitif.

Des faits et des commentaires

Il faut malheureusement reconnaître que les débats sur la crise économique Chinoise sont trop souvent superficiels, à l’exception notable de François Lenglet, dont les chroniques ont à la fois de la profondeur et de la nuance. Il est tout de même effarant que de doctes économistes pointent les conséquences pour nos exportateurs, sans même avoir regardé les statistiques du commerce extérieur. En 2014, si nous avons importé pour 43 milliards d’euros de produits à la Chine, Pekin ne nous en a acheté que pour 16 milliards. En clair, une baisse de 10 ou 20% de nos ventes à l’Empire du milieu n’aurait pas d’effet majeur sur notre croissance, à moins, bien sûr, de déclencher un krach mondial.

Le faible montant de nos importations limite les risques pour la France, alors, en revanche, que la baisse du prix du pétrole (76 milliards d’importations en 2014) a un impact bien plus important, et positif ici. Bien sûr, on peut dire que cela va peser sur nos ventes aux pays producteurs de pétrole, mais même cela n’est pas forcément exact car certains pays, riches en réserves de devises, compensent par des déficits budgétaires (16% du PIB en Arabie Saoudite !). Et, on peut rappeler à ceux qui font grand cas de la dévaluation du yuan, qu’elle est infime pour qui sait prendre du recul. Enfin, il faut rappeler que le pays avait provoqué un krach fin 2007, pour casser la bulle spéculative. Ce calendrier pourra en inquiéter certains, mais personne n’a identifié de liens de causes à effets avec le krach mondial de 2008.

Aujourd’hui, je persiste à penser que, dans les conditions actuelles, même 7 ans après 2008 et 14 ans après 2001, un krach mondial n’est pas l’issue la plus probable. La situation est très complexe et il est malheureux que les charlatants de la trempe de Macron ou Minc la caricaturent aussi outrageusement.

source : http://www.gaullistelibre.com/