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Jean-Francis Pecresse 

C’est une rentrée hors-sujet qui s’effectue ce matin dans l’Education nationale. Placée sous le seul signe de l’évangélisation laïque avec de nouveaux cours d’éducation morale et l’injonction faite aux parents de signer la Charte de la laïcité, cette rentrée scolaire 2015 n’est porteuse d’aucun des remèdes dont aurait tant besoin un système éducatif en décrépitude accélérée. Trois ans après avoir entendu leur président François Hollande promettre rien de moins qu’une « refondation de l’école », priorité parmi les priorités du quinquennat, les Français se retrouvent avec une simple réforme, de surcroît totalement improvisée, de l’éducation civique… Il n’y aurait rien à y redire si le système éducatif avait au préalable été mis en situation de remplir les trois grandes missions que l’on attend de lui : permettre l’acquisition des savoirs fondamentaux, former ceux qui en sortent de manière à ce qu’ils soient rapidement employables, enfin corriger l’inégalité sociale des chances. Or, sur ces trois critères essentiels, après avoir changé deux fois en trois ans le ministre en charge de l’Education et deux fois le directeur de l’Enseignement scolaire, François Hollande n’affiche au mieux aucune mesure probante, au pire des initiatives contre-productives. Alors qu’elle aurait dû être l’occasion de renforcer l’acquisition précoce des savoirs, la réforme des rythmes scolaires a débouché sur la création d’activités périscolaires où le pire côtoie (rarement) le meilleur et qui ne font guère progresser le savoir… Contrairement aux incantations ministérielles, rien ne semble enrayer la médiocrité d’un système dont le niveau moyen est classé par l’OCDE au 26e rang de ses 34 pays membres. Et même si l’on se met à l’abri des comparaisons internationales, la dégradation de nos performances éducatives est maintenant bien visible. Deux études récentes de la Direction de l’évaluation du ministère, parues l’une en mai, l’autre en août, montrent non seulement que la proportion d’élèves ayant un faible niveau en mathématiques à l’issue du collège a bondi d’un tiers en six ans (à 20 %), mais aussi que la corrélation entre la réussite et l’origine sociale ne cesse de s’accroître. Dans un pays dont seuls 40 % des adultes ont, d’après l’OCDE, de bonnes aptitudes à comprendre et utiliser une information écrite, la restauration des valeurs de la République devrait passer par la rénovation de la pédagogie et l’évaluation des enseignants plutôt que par des leçons magistrales de laïcité… A contrario des pays affichant de bonnes performances éducatives – donc souvent économiques -, la France de François Hollande préfère investir dans la quantité plutôt que dans la qualité, espérant toujours que plus de moyens budgétaires feront une politique éducative, et que plus d’enseignants feront une meilleure école. A voir le niveau affligeant auquel l’Education nationale est désormais contrainte de recruter au Capes – des professeurs de mathématiques notamment -, faute de vocations, c’est le contraire qui se produit

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