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L’élu LR s’indigne de la faible mobilisation des leaders de droite et de gauche et se dit prêt à accueillir des réfugiés dans sa ville. Entretien.
Propos recueillis par Jérôme Cordelier

Pourquoi et comment avez-vous pris la décision d’accueillir des réfugiés à Saint-Étienne ?
Gaël Perdriau : Ce ne fut pas facile. Mais au cours de cette année, j’ai eu à préparer et prononcer pas mal de discours pour commémorer la Libération et le génocide arménien, et je retrouve des analogies avec les souffrances que supportent actuellement les migrants. Quand des personnes se font assassiner de manière sauvage, le moins que l’on puisse faire est de leur tendre la main. Dans l’esprit des citoyens, il y a beaucoup de confusions entre migrants économiques et sociaux et réfugiés politiques. Mais en l’occurrence, la situation de ces Syriens est sans ambiguïté : ils n’ont d’autre choix que de mourir sous les coups d’el-Assad ou de Daesh.
Concrètement, qu’allez-vous faire ?
Je vais réunir les bailleurs sociaux et les associations de la ville pour structurer l’accueil si le gouvernement décidait d’accueillir les réfugiés.
Fixez-vous un nombre, comme d’autres villes l’ont fait ?
Je ne veux pas donner de chiffres, volontairement. Le système de quotas me choque, car cela signifie qu’à un moment donné vous êtes obligé de dire stop. Le bon nombre pour Saint-Étienne sera celui qui nous permettra d’accueillir les personnes de manière digne. Je ne souhaite pas parquer ces personnes dans un quartier de la ville.
Craignez-vous un afflux ?
Non, car le gouvernement va structurer l’accueil.
Certains risquent de vous objecter que suffisamment de personnes en difficulté vivent déjà à Saint-Étienne…
Il ne faut pas faire d’amalgame. Nous avons des concitoyens en situation difficile, mais en l’occurrence il s’agit de vie ou de mort.
Les appareils politiques sont plutôt silencieux sur le sujet pour l’instant. Qu’en pensez-vous ?
Ce silence m’a incité à agir. Je trouve inadmissible que le conseil de sécurité de l’ONU ne se soit pas encore emparé du dossier. Dans notre pays, je vois beaucoup d’atermoiements, d’hésitations à gauche comme à droite. Il y a une tentative scandaleuse de la part du PS de récupérer cette affaire en lançant ce réseau de « villes solidaires ». Moi, je préfère parler de ville humanitaire. À droite, je n’ai pas encore entendu de positions très claires de la part de nos leaders. On doit sortir des postures politiques. Il faut agir maintenant et non pas attendre de se positionner en fonction de l’un ou de l’autre… Je suis écœuré que le gouvernement mette autant de temps à prendre ses responsabilités. J’espère que la mobilisation des maires fera pression. Nous sommes dans une situation d’urgence humanitaire. C’est une dimension humaine et politique qui nous amène à tendre la main.