Étiquettes

, , , , , ,

Par Franck Stassi 

La montée des considérations environnementales et sanitaires pousse les lobbies du charbon, en Australie, et de l’huile de palme, en Malaisie, à communiquer auprès du grand public.

Face à l’émergence des préoccupations environnementales et à l’approche de la COP 21, les producteurs de certaines matières premières décriées pour leur impact sur la planète passent à l’offensive médiatique. Le 6 septembre, le Conseil australien des minerais a lancé une campagne destinée à redorer le blason du secteur minier, « The little black rock ». Conçu autour de spots publicitaires radio-télévisés, d’un volet presse et d’un site internet, le dispositif met en avant un petit morceau de charbon et son apport économique pour l’Australie : 150.000 emplois directs et connexes, 6 milliards de dollars de salaires versés, 40 milliards de dollars générés par les exportations…

« Bien que la plupart d’entre nous ne soient pas directement impliqués dans l’industrie du charbon, nous bénéficions tous de ses contributions à l’emploi, au revenu national, aux infrastructures, à la formation et grâce aux importants montants versés à l’État chaque année », explique le lobby minier dans la campagne, qui n’aborde que dans un second temps la dimension environnementale de l’exploitation de la source d’énergie la plus polluante au monde. Le site internet met en avant les travaux effectués par les industriels pour réduire leurs émissions, les nouveaux générateurs émettant de 20% à 25% de moins de CO2 que la moyenne des centrales existantes, et jusqu’à 40% de moins que la technologie précédente.

Cette campagne intervient dans un contexte environnemental tendu. Si pour les industriels australiens du charbon, cette source d’énergie « est une chose formidable », l’actualité en illustre une autre facette. En juin dernier, la Norvège a acté le retrait de son fonds souverain, le premier au monde avec 840 milliards d’euros à son actif, du capital des entreprises dont le charbon pèse pour plus de 30% de l’activité ou du résultat. Le fonds tire toutefois une large partie de ses revenus du pétrole. Fin août, la banque d’affaires américaine Goldman Sachs a pour sa part vendu la compagnie minière colombienne Colombia Natural Resources, chute des prix aidant. En avril, trois banques françaises s’étaient quant à elles engagées à ne pas financer de projets miniers proches de la Grande Barrière de corail australienne.

Le lobby de l’huile de palme cible les consommateurs

L’énergie n’est pas la seule industrie concernée par l’urgence environnementale. Le 7 septembre, Havas Paris a lancé, pour le compte du Conseil malaisien de l’huile de palme, un site internet, des profils sur les réseaux sociaux ainsi qu’une campagne print pour améliorer l’image de son produit auprès des consommateurs français et belges. « L’huile de palme est accusée de tous les maux et sa teneur en idées reçues est particulièrement élevée dans l’opinion », constate l’agence de communication, qui a diligenté trois étudiants en Malaisie pour y relayer les conditions de production de l’huile de palme, les conditions de recyclage des déchets, et les conditions de vie des populations concernées.

D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la culture du palmier à huile engendrerait 80% de la déforestation constatée en Malaisie. Le Conseil malaisien de l’huile de palme répond à travers le témoignage de l’un de ses invités, qui constate que les plantations et les conditions de fabrications de l’huile « ne correspondent pas à l’image du désastre écologique relayée un peu partout en Europe ». A l’instar du charbon, le fonds souverain norvégien a également revu son portefeuille, en excluant, en août dernier, quatre producteurs d’huile de palme pour non-respect de l’environnement.

Ingrédient phare du Nutella et de nombreux produits industriels, l’huile de palme est également régulièrement prise pour cible sur le plan sanitaire. « En France et en Belgique, on la retrouve presque uniquement dans des aliments gras, sucrés ou très salés, qui doivent être limités dans le cadre d’une alimentation équilibrée », martèle le Conseil malaisien de l’huile de palme, bien décidé à redonner tout son éclat à un produit qui pèse pour 8,3% des exportations du pays et 35% du marché mondial des huiles.

 

http://www.usinenouvelle.com/