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bâtisseurs frénétiques, Dépensiers chroniques, les maires, postes de fonctionnaires, pouvoir exorbitant
Dans leur propre intérêt, les contribuables locaux que nous sommes ne devraient pas prêter grande attention à la journée d’action organisée demain par les maires de France pour dénoncer la cure d’austérité que leur inflige, selon eux, l’Etat. Au vu de leurs états de service dans la lutte pour économiser l’argent des Français, les gestionnaires de nos communes sont collectivement mal placés pour réclamer l’indulgence du public. Dépensiers chroniques souvent, bâtisseurs frénétiques parfois, disposant du pouvoir exorbitant de lever l’impôt auprès de leurs administrés, nos maires ont largement annihilé les maigres, trop maigres efforts effectués au sommet de l’Etat pour tenter de maîtriser l’hypertrophie de la sphère publique.
En quinze ans, avec ces potentats locaux, le nombre de fonctionnaires territoriaux a augmenté d’un demi-million sans que cela puisse en totalité s’expliquer par les charges ou missions transférées par l’Etat. A fortiori pas dans les communes, largement épargnées par la décentralisation.
En quinze ans, les postes de fonctionnaires chèrement gagnés dans la fonction publique d’Etat ont été aussitôt reperdus ailleurs. Et les responsables, nos maires, implorent déjà grâce ?
L’Institut Montaigne a chiffré l’évolution des charges de personnel des dix plus grandes villes entre 2004 et 2014. Le résultat parle de lui-même. Paris : +128 %, Bordeaux : +135 %, Lille : +136 %, etc. Les maires de France concèdent ne pas être hostiles à une réduction des dotations de l’Etat, mais à l’ampleur de cette baisse, de 11 milliards d’euros d’ici à 2017. Trop rapide et trop sévère, ce régime de rigueur ? Pas assez sans doute. Ayant pour la plupart d’entre elles, passé le cap de la crise des emprunts toxiques, nos villes ne sont plus sérieusement menacées de faillite. Elles doivent juste faire un apprentissage douloureux : bâtir des budgets en ajustant les dépenses aux recettes, et non l’inverse.
L’Etat devrait les y aider en modulant ses dotations au bénéfice de celles qui n’augmentent plus leurs impôts.