Un logiciel masquant le niveau réel des émissions de ses moteurs diesel est pointé par les autorités américaines. Le constructeur doit rappeler près de 500.000 voitures et pourrait devoir payer 18 milliards de dollars d’amende.
Voilà qui ne devrait pas arranger la situation de Volkswagen aux Etats-Unis. L’agence de protection de l’environnement (EPA), chargée d’établir les normes anti-pollution pour le marché américain, accuse le constructeur allemand d’avoir délibérément contourné celles-ci grâce à un logiciel installé dans près d’un demi-million de véhicules. Résultat : la marque va devoir rappeler près de 500.000 voitures vendues depuis 2008, et s’acquitter à terme d’une amende dont le montant maximal pourrait atteindre 18 milliards de dollars (soit 37.500 dollars par véhicule, selon la loi anti-pollution).
D’après l’EPA, qui a mené son enquête avec l’agence californienne de la qualité de l’air, Volkswagen aurait conçu un logiciel permettant à ses véhicules diesel de réduire leurs émissions pendant les tests anti-pollution, mais restant inactif le reste du temps. Les voitures pouvaient alors émettre une quantité d’oxyde d’azote jusqu’à 40 fois supérieure aux normes fédérales. « Utiliser un logiciel destiné à tromper les normes anti-pollution est illégal et dangereux pour la santé publique », a insisté Cynthia Giles, administratrice déléguée à l’EPA. « Ces violations sont très graves, nous nous attendions à mieux de la part de Volkswagen ». Plusieurs modèles sont concernés par le rappel (l’Audi A3, la Jetta, la Beetle, la Golf et la Passat). Le seul cas similaire connu impliquant l’EPA remonte aux années 1990, lorsque sept constructeurs de moteurs diesel avaient dû verser un milliard de dollars pour avoir utilisé des outils trompant les contrôles anti-pollution. Mais le contexte réglementaire était alors moins strict.
Difficultés sur le marché américain
Ces accusations tombent mal pour Volkswagen, qui souffre depuis des mois sur le marché américain. Encouragé par le durcissement de la réglementation, qui impose aux constructeurs de fabriquer des véhicules peu gourmands en carburant, Volkswagen a tout misé sur le diesel aux Etats-Unis, où ces types de motorisation sont peu courants. Mais ses modèles sont perçus comme plus chers que la concurrence dans un environnement très compétitif. La marque ne cesse de voir ses ventes reculer aux Etats-Unis, où le marché est pourtant particulièrement dynamique. Depuis le début de l’année, Volkswagen n’a vendu que 238.000 véhicules voitures aux Etats-Unis, contre 1,15 million pour son grand concurrent Toyota.
L’accusation publique de Volkswagen s’inscrit par ailleurs dans l’offensive de l’administration Obama qui désire faire la lutte contre le réchauffement climatique l’une des pièces angulaires de son bilan. Elle devrait sonner comme un avertissement pour les autres constructeurs. De nouveaux objectifs de lutte contre les émissions ont été fixés pendant l’été, visant notamment les centrales au charbon, mais aussi la pollution automobile. Mais selon les experts, ces nouvelles normes pourraient paradoxalement favoriser les véhicules diesel, plus performants en terme de consommation de carburant.