
Le 21 septembre, Fayçal ben Hassan Trad, ambassadeur de l’Arabie saoudite à l’Office des Nations unies à Genève, a pris la direction d’un panel composé de cinq diplomates qui auront pour mission, entre autres, de choisir des experts indépendants destinés à être envoyés sur le terrain pour observer et rapporter les atteintes aux droits de l’homme dans le monde. Ces travaux permettront ensuite au Conseil des droits de l’homme de l’ONU d’édicter des rapports officiels sur la situation des libertés dans les différents États inspectés.
Ce choix des Nations unies, fait discrètement en juin dernier, est tout simplement inconcevable. Droits de l’homme et Arabie saoudite sont complètement antagonistes. Depuis janvier 2015, cet État a totalisé pas moins de 80 exécutions par décapitation, lapidation, crucifixion… La liberté y est une utopie. Les minorités ethniques et religieuses y sont persécutées constamment. Les femmes y sont traitées avec le moins de compassion possible, tels des objets voilés. Les vagues migratoires issues de Syrie et d’Irak sont gentiment laissées à l’Europe. La monarchie et ses sbires ont tout pouvoir au nom de l’islam afin d’appliquer la charia de la façon la plus rigoureuse. Tout sujet qui oserait enfreindre cette loi ou déplaire au roi y risque sa vie.
L’exemple actuel illustrant l’atrocité de cette théocratie islamique est celle d’Ali Mohammed al-Nimr. Ce jeune homme de 21 ans a été arrêté en 2012. Il va être exécuté en public jeudi par décapitation et son corps sera crucifié le temps que sa chair pourrisse, selon le verdict rendu. Il vient de perdre son ultime recours. De confession chiite (cela déplaît au régime sunnite wahhabite), il est accusé d’avoir manifesté contre la monarchie et, par aveux de l’intéressé, d’avoir lancé des cocktails Molotov sur les forces de l’ordre. Lesquels aveux auraient été obtenus sous la torture…
Ces soupçons de torture n’ont pas fait l’objet de la moindre enquête lors du procès expédié. Officieusement, son plus grand crime serait d’être le neveu du Cheikh al-Nimr, l’un des plus grands opposants au régime, également condamné à mort il y a tout juste un an.
Cette histoire aurait pu être l’œuvre de l’État islamique, mais non : elle montre la réalité d’un régime fortement lié à nos gouvernements occidentaux et qui a, maintenant, la mission d’observer les droits de l’homme à travers le monde. Ces experts « indépendants » iront assurément en Arabie saoudite pour, ensuite, rappeler à celui qui les a nommés qu’il est un tortionnaire gourmand de sang.