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Cahuzac, jugement, Transparence, vie politique, Yamina Benguigui
On connaissait le « responsable mais pas coupable », popularisé en son temps par Georgina Dufoix. Grâce à Yamina Benguigui, on découvre le « coupable mais dispensée de peine. » C’est nouveau, ça vient de sortir. Le tribunal correctionnel de Paris peut être fier de sa trouvaille : même l’AFP en a perdu son latin. Le jugement concernant les déclarations de patrimoine de l’ancienne ministre déléguée à la francophonie est tombé hier en début d’après-midi. Dépêche urgente de l’Agence France Presse à 14h12, reprise en boucle sur tous les sites d’infos : « relaxe partielle et dispense de peine pour Yamina Benguigui. » Yamina Benguigui devra être déclarée coupable mais…
Il faudra attendre 18h15, et une flopée d’autres articles du même tonneau, pour connaître enfin le contenu du jugement : « Les éléments matériel et intentionnel des délits poursuivis (…) sont constitués et Yamina Benguigui devra être déclarée coupable desdits délits », écrit le tribunal. Qui ajoute toutefois : « Compte tenu de l’absence de toute condamnation (…) sur son casier judiciaire, de son parcours professionnel et politique et du dépôt d’une déclaration rectificative, même tardivement », il y a lieu « d’accorder à Mme Benguigui une dispense de peine. » On se frotte les yeux… Le « parcours professionnel et politique » d’une ancienne ministre constitue donc, aux yeux du tribunal, une circonstance atténuante au regard des délits commis. Cocasse quand on sait que la loi relative à la transparence de la vie publique, votée dans le sillage du scandale Cahuzac, vise précisément les responsables politiques !
Renvoyée en correctionnelle après les révélations de Marianne sur ses discrètes affaires belges, Yamina Benguigui avait plaidé à l’audience des « omissions » mais récusé toute triche intentionnelle. « La légèreté n’est pas un argument, une excuse recevable », lui avait rétorqué le procureur, qui avait requis à son encontre quatre mois de prison avec sursis et 15 000 euros d’amende. Bilan des courses pour cette première décision post-Cahuzac : personne n’est content. Le parquet a fait appel, la prévenue aussi. La transparence, cet obscur objet judiciaire…
