François Fillon était de passage hier à Marseille. Entre le congrès des médecins libéraux et un déjeuner sur le thème des « Smart cities », il a pris du temps pour La Provence. Déjà dans la course à la primaire 2016 chez Les Républicains, l’ancien Premier ministre vient de publier « Faire » chez Albin Michel.
Vous prévoyez en cas d’élection en mai 2017 des mesures à mettre en oeuvre rapidement touchant aux 35 heures, aux régimes de retraite ou à l’organisation territoriale. Comment parvenir à faire si vite ce que personne n’a jamais fait réellement?
François Fillon : Six millions de personnes qui pointent à pôle emploi, 2 000 milliards de dettes, des Français éreintés sous le poids des règlements, des quartiers qui divorcent de la République faute d’autorité et de croissance… François Hollande est en échec fragrant, mais plus grave encore, notre système est totalement usé depuis des décennies ! Je me prépare à agir fort et vite car notre pays s’enfonce. Pour réussir cela, il faut un projet très précis, débattu avec les Français et porté par eux. J’avance dès maintenant des propositions très détaillées pour enclencher une révolution des esprits et rallier le pays à l’idée que la rupture est nécessaire. Et puis, il faut, avant l’élection présidentielle, avoir déjà préparé les textes législatifs et préfiguré le gouvernement afin de ne pas perdre une minute pour agir.
Vous prévoyez d’utiliser tous les leviers, ordonnances, référendums, lois… tout en réduisant le nombre de parlementaires. Les Français sont-ils prêts à changer de régime politique?
F.F. : Il ne s’agit pas de changer de régime politique mais de le moderniser. Le référendum doit nous permettre de resserrer le nombre de parlementaires et de trancher la question de la décentralisation. Je propose que nous passions de quatre à deux échelons de responsabilités avec notamment une fusion des départements dans les régions. Je sais les réticences des élus. Mais on ne peut plus continuer avec notre millefeuille administratif qui dilue l’action des élus locaux et disperse leurs moyens financiers que ce gouvernement ne cesse de raboter.
Vous relancez le débat sur les statistiques ethniques. En quoi peuvent-elles aider à gommer les discriminations?
F.F. : La France n’a plus le droit, ni les moyens, d’être hésitante sur l’immigration. Je veux que nous nous dotions des moyens d’avoir une immigration choisie, avec des quotas précis afin que nous puissions choisir, parmi les étrangers, les compétences et les régions du monde que nous voulons privilégier, en fonction de nos besoins économiques, de nos capacités d’accueil. Cette politique d’immigration par quotas devrait être votée chaque année au Parlement, sur la base d’études statistiques sérieuses. Aujourd’hui, on agit à l’aveugle et le débat est contaminé par les postures angéliques et les slogans nationalistes.
Les adhésions ne grimpent pas chez les Républicains. C’est pire au PS, pas beaucoup mieux au FN. Faut-il revoir le principe même des partis politiques?
F.F. : Il y a un fossé entre les partis et les Français, et plus largement entre les Français et la politique. Nos concitoyens ont le sentiment d’un univers replié sur lui-même, trop souvent miné par les combines. Il y a pourtant beaucoup de gens dévoués, passionnés par la France. Nos concitoyens veulent plus de débats de fond et moins de politique spectacle, plus de participation et moins de technocratie. Tout l’intérêt des primaires, c’est justement d’ouvrir le débat présidentiel à tous les Français. Je souhaite qu’elles soient un grand rendez-vous populaire et pas une affaire partisane.
Christian Estrosi doit-il aller chercher les déçus de la droite partis au FN en Paca en adoptant un discours très droitier?
F.F. : Christian mène un combat courageux et difficile, avec l’appui de Renaud Muselier. À Nice, il a un excellent bilan comme maire et il peut dynamiser sa région. Il n’a jamais caché qu’il était à droite et il n’a jamais fait de cadeaux au FN, et réciproquement.
