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DAECH, Hezbollah, Iran, La Syrie, l’ASL, le Front Al-Nosra, les Occidentaux, Russie

Politique d’isolement
Les Occidentaux ont refusé de s’engager massivement en Syrie pour des raisons de politique intérieure, mais aussi par crainte de rééditer les erreurs commises en Irak et en Libye. Américains et Européens se sont contentés d’une politique d’isolement du régime de Bachar Al-Assad qui n’a eu que peu d’impact compte tenu du soutien apporté à Damas par l’Iran et la Russie.
Et là est le problème. Car ces deux pays ont apporté un soutien indéfectible, sans hésitation, à Damas, quand à Bruxelles, on discutait encore de savoir s’il fallait livrer du matériel létal ou non létal aux rebelles qui réclamaient une autre Syrie, ni tyrannique ni islamique.
L’Iran a fourni des fonds, de la logistique et des soldats à Damas. Près de 7 000 gardiens de la révolution opèrent par roulement en Syrie, sans compter sur l’aide du Hezbollah chiite libanais, qui monte en première ligne dans le Qalamaoun, à Zabadani ou à Qousseir.
La Russie a continué à livrer ses armes, maintenu son seul port militaire en Méditerranée à Tartous et vient de livrer hommes et équipement sur la base de Bassel Al-Assad, près de Lattaquié. « Les avions d’attaque – douze Soukhoï-25 Frogfoot et douze Soukhoï-24 Fencer – ne sont pas là pour protéger les bases russes. Le vrai objectif est de soutenir les opérations terrestres des forces d’Assad », avertit le chef d’état-major estonien, Riho Terras, dans le « Times ».
On oublie aussi souvent le rôle joué par la Turquie, l’Arabie Saoudite et les autres Etats du Golfe qui n’ont pas cessé, directement ou indirectement, de soutenir les rebelles qui avaient une vocation islamiste et sunnite, leur donnant un réel avantage militaire. Ceci explique aussi pourquoi tant de recrues de l’ASL sont passées au Front al-Nosra ou à d’autres groupes, comme l’Armée de la Conquête dans la région d’Idlib.
Même les frappes menées depuis plus d’un an par la coalition internationale (à 95 % des frappes américaines) contre Daech en Syrie restent modestes, de l’ordre de six par jour.
Le train en marche
L’armée syrienne de Bachar Al-Assad reste donc le principal bouclier contre Daech, de même que les groupes rebelles et kurdes qui ont déclaré la guerre à ce groupe sans foi ni loi.
D’où la difficulté : faut-il s’associer à Bachar pour combattre Daech ? Ne risque-t-on pas de se mettre à dos les groupes rebelles qui se croyaient soutenus par les Occidentaux ? « Collaborer avec Assad et les pays qui l’aident ne fera que pousser l’opposition dans les bras de Daech » , juge le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond dans une interview au « Monde ».
Les Occidentaux sont tentés de répondre positivement à la proposition de Poutine d’entrer dans une large coalition contre Daech. Ils l’ont dit lundi à la tribune de l’Onu. Cependant, ils ne veulent pas que Bachar Al-Assad soit maintenu au pouvoir, espérant faire émerger des rangs de l’opposition syrienne une figure assez forte et consensuelle pour diriger la Syrie de demain. Russes et Américains sont entrés dans une dynamique positive, mais les Occidentaux prennent le train en marche.