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« Lui président », c’est justement là que le bât blesse.
Nicolas Gauthier


« Laisser le temps au temps », assurait le défunt François Mitterrand. Lundi soir, c’était celui de l’actuel Président et il nous a semblé bien long. Victimes d’insomnie, c’était le moment ou jamais de s’endormir comme une brique avec « À l’Élysée, un temps de président », sur France 3.

Il est un fait que François Hollande n’a guère de chance avec le temps : celui qu’il fait – il zigzague entre averses et trombes d’eau – et celui qui passe ; à la vitesse d’une moule au galop, en l’occurrence. Bref, le documentaire d’Yves Jeuland, c’est un peu comme un film de Marguerite Duras, bagarres, cascades et poursuites de voitures en moins.

Ainsi voit-on un homme écrire et réécrire ses discours comme si sa vie en dépendait. Il va décorer Jean d’Ormesson ? Il se dépatouille avec la notice Wikipédia de l’illustre académicien, tel un stagiaire en journalisme.

Il a des problèmes avec ses costumes trop courts et sa cravate, éternellement de traviole, on apprend que Manuel Valls aussi, lorsqu’un grouillot élyséen lui rectifie le nœud, si l’on peut dire, avant audience hollandaise.

Il est en avion. Il demande à avoir le président irakien au téléphone. Au téléphone, on lui passe donc le président irakien. « Vous êtes le président irakien ? Ici, François Hollande… » Quelle puissance. Quel suspense. À côté, Alfred Hitchcock, c’est Max Pécas.

Il est obsédé par les médias et l’image que ces derniers renvoient de lui. Il n’aime rien tant que de choyer les journalistes. Après tout, ne sont-ce pas eux qui ont largement contribué à sa victoire ? Mais, après l’amour, le désamour ; et la défiance, surtout. Tenir table ouverte et blagounettes allant avec, trinquant avec les patrons des grandes rédactions parisiennes, ça vaut encore le coup. Mais si c’est pour finir en une de Closer et en scooter, casqué comme un braqueur de banques, ça ne le vaut plus forcément.

À propos de journalistes, la photo de Valérie Trierweiler trône toujours dans son bureau. Il la couve encore des yeux, tout comme il a toujours ceux de Chimène pour Ségolène Royal, mère de ses quatre enfants. Julie Gayet a dû adorer.

Immanquablement jovial, on le voit encore tailler la bavette avec des députés socialistes n’en finissant plus de se succéder sous les ors de la République. Ce qui rappelle cette promesse de mai 2012 : « Moi président, je ne recevrai pas les parlementaire à l’Élysée ! »

« Lui président », c’est justement là que le bât blesse. Car même si ce documentaire y a mis le temps, cela nous a au moins donné celui de comprendre que François Hollande était tout, hormis président. La preuve par l’image ?

Boulevard Voltaire – La liberté guide nos pas